Menés de 2017 à 2022, les projets In Petto 1 et 2 (1) visaient à mieux comprendre comment augmenter la teneur en protéines de la graine de colza sans pénaliser sa teneur en huile, les niveaux des deux fractions étant antagonistes. Choix variétal et fertilisation ont été étudiés, et les résultats montrent que l’association de ces deux leviers peut conduire à une amélioration du taux protéique de 1 à 2 points. Amélioration qui pourrait ouvrir de nouvelles perspectives de valorisation (lire l'encadré). Les répercussions sur la teneur en huile semblent en revanche inévitables.
Retarder l’apport azoté
Onze variétés commerciales ont été comparativement à une variété au taux protéique convenable. Trois d’entre elles sont sorties du lot, dont ES Amadeo qui semble offrir un bon compromis entre hausse des protéines et dégradation de la teneur en huile. « Plusieurs programmes de sélection travaillent sur de nouvelles variétés à haute teneur en protéines en conservant voire en améliorant la teneur en huile. Le croisement de parents de colza de printemps et d’hiver est notamment à l’étude, puisque le premier présente naturellement une teneur plus élevée en protéines. De nouvelles variétés devraient voir le jour d’ici à 5, voire 10 ans », détaille Cécile Le Gall, chargée d’études à Terres Inovia.
Le retard des deuxième et troisième apports d’azote (respectivement en début et fin de floraison) a, quant à lui, permis un gain de 1,2 point de protéines sans perte de rendement. Effet maximisé lorsque combiné au report de 40 unités du deuxième vers le troisième apport (donnant 40-40-80), avec 1,7 point de protéine supplémentaire. En contrepartie, la teneur en huile a reculé respectivement de 0,8 et de 1,1 point.
Les modifications isolées des dates et de la répartition des doses n’ont pas montré de différence significative pour les critères suivis, tout comme l’utilisation de différentes formes d’azote. Quant à la hausse de la dose, compter quelque 100 unités par point de protéine supplémentaire : « Un niveau non supportable environnementalement et économiquement », souligne Cécile Le Gall.
Qualité protéique
Même si elle est encore peu regardée sur colza, la qualité protéique est elle aussi en jeu. La graine de colza referme notamment des napines, protéines riches en acides aminés soufrés « essentiels », qui ne peuvent être synthétisés par les monogastriques. Leur présence a été suivie par le rapport napine/cruciférine (un autre type de protéines) sur plusieurs essais. Ceux-ci ont d’abord montré qu’il existait une grande variabilité géographique.
Ont également été observés sur certains sites des effets positifs d’une fertilisation azotée tardive, avec une hausse de la teneur en protéines et un maintien, voire une augmentation, de leur qualité. « Mais les progressions de la teneur et de la qualité protéique ne sont pas systématiquement corrélées. Les facteurs déterminants de cette qualité protéique restent donc à approfondir. […] Des travaux menés par l’université de Caen avaient notamment montré un impact positif du fractionnant l’apport de soufre », rapporte l’experte.
(1) Coordonnés par Sofiprotéol, en partenariat avec Avril, Terres Inovia et l’université de Caen.