L’Europe doit produire plus pour « éviter une crise alimentaire mondiale », a estimé le 8 mars 2022 le ministre l’Agriculture Julien Denormandie, invité sur la chaîne CNews. Une opinion partagée par plusieurs organisations, alors que plusieurs États membres ont demandé la mise en place de mesures exceptionnelles en ce sens.
« La Russie et l’Ukraine, c’est à peu 30 % des importations (mondiales, NDLR) de blé. Sur le pourtour méditerranéen, vous avez énormément de pays qui dépendent des exportations de blé russes ou ukrainiennes. Au même moment, vous avez une terrible sécheresse qui sévit sur cette zone-là », a-t-il alerté.
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L’Europe doit « assumer sa mission nourricière »
« Face à cet arrêt probable d’une partie des exportations de blé ukrainien ou russe mais aussi d’autres [productions] comme le maïs ou le tournesol », il a estimé que l’Europe devait « assumer sa mission nourricière ».
« Il faut que l’Europe produise plus, elle bénéficie des terres parmi les plus fertiles au monde. Il faut que l’Europe ait une capacité à produire plus pour pouvoir également accompagner d’autres pays qui n’ont rien à voir avec le conflit, mais qui se voient impacter dans leur possibilité d’accès à l’alimentation, notamment sur le continent africain et en particulier en Afrique du Nord », a-t-il insisté.
Le ministre de l’Agriculture a indiqué qu’en Égypte, « cela fait plusieurs fois que le gouvernement annule des commandes de blé parce que les prix sont trop importants. On constate qu’au Maroc, avec la sécheresse, près de trois quarts de la production de blé sont mis à mal ».
Pas de pénurie en France, mais la filière animale en danger
Julien Denormandie a affirmé qu’« en France, nous ne craignons aucune pénurie mais nous aurons des effets de prix sur les coûts de production, par exemple l’alimentation animale ».
« Le secteur de l’élevage va être profondément impacté, sachant que ce sont des secteurs qui sont déjà fragilisés, je pense au secteur porcin et à celui de la volaille. Dans le plan de résilience [annoncé par Emmanuel Macron à l’inauguration du Salon international de l’agriculture], nous allons apporter des aides spécifiques pour ces éleveurs », a-t-il indiqué.
Au-delà de la France, le ministre français de l’Agriculture a dit « craindre que s’ajoute dans les 12 à 18 mois une crise alimentaire mondiale ».
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