À l’occasion d’un point fait avec la presse organisé le 7 juin 2023, RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité français, a présenté les résultats de son étude « comprendre et piloter l’électrification d’ici à 2035 ».
Dans un contexte en forte évolution, les nouveaux objectifs, climatiques (« Fit for 55 », planification écologique) et industriels (relocalisation et réindustrialisation de la production d’énergie), européens impliquent de sortir rapidement des énergies fossiles.
Vers une forte hausse de la consommation d’électricité
« L’électrification des usages en France est un défi industriel et sociétal à mener de concert et en urgence si nous voulons atteindre nos objectifs, particulièrement celui du Fit for 55 européen », indique Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE.
Ainsi, les scénarios envisagés prévoient une nette hausse de la consommation d’électricité à l’horizon de 2035. Dans un scénario d’atteinte de tous les objectifs de décarbonation et de réindustrialisation, la consommation annuelle d’électricité serait comprise entre 580 et 640 TWh.
Si le défi semble faisable, il n’en est pas moins ambitieux avec une accélération de la croissance sur la période de 2025 à 2035. Pour y parvenir, la France doit non seulement accélérer le développement des énergies renouvelables et maximiser la production nucléaire existante, mais également accroître l’efficacité énergétique et améliorer la sobriété.
Jusqu’à 300 TWh d’électricité renouvelable par an en 2035
Selon RTE, il est possible d’augmenter significativement le volume de production d’électricité décarbonée à l’horizon de 2035. Les moyens mis en œuvre permettraient de passer d’une production de 395 TWh par an aujourd’hui (chiffres de 2022) à environ 650 TWh d’ici à douze ans.
Sur le plan des énergies renouvelables (éolien, solaire, bioénergie et hydraulique), ces prévisions impliquent d’atteindre une production de 250 TWh/an au minimum à l’horizon de 2035, contre environ 120 TWh aujourd’hui. Il est donc nécessaire d’accélérer le rythme de développement des énergies renouvelables, « en s’alignant a minima sur les tendances qui sont déjà observées dans certains pays européens ».
Si la France n’est pas obligée d’aller jusqu’au niveau historique de l’Allemagne sur l’éolien et le solaire pour atteindre cet objectif, elle doit revoir ses ambitions à la hausse. Cela revient à un doublement de la production par rapport à aujourd’hui, et hors hydraulique, à la multiplier par trois d’ici à douze ans. Pour RTE, il est même possible d’aller jusqu’à 300 TWh de production de renouvelable par an en s’approchant des meilleures pratiques européennes qui sont observées.
Toutefois, cette projection reste inférieure aux trajectoires annoncées par plusieurs pays voisins pour respecter les objectifs européens, notamment « Fit for 55 ». Pour exemple, l’Allemagne a annoncé une progression annuelle de la production d’énergie renouvelable de l’ordre de 40 TWh/an. Avec un objectif de 300 TWh en 2035, la France doit, quant à elle, augmenter sa production de seulement 15 TWh/an.
Sur le secteur du nucléaire, RTE a retenu une hypothèse prudente de 360 TWh/an, dont 350 TWh pour le parc historique de production de deuxième génération et 10 TWh pour le futur site de Flamanville 3. Selon les projections, ce productible pourrait atteindre jusqu’à 400 TWh/an. En effet, le parc nucléaire les a déjà atteints voire dépassés par le passé.
De plus, l’efficacité énergétique qui repose sur une amélioration de la performance des procédés, des équipements et des bâtiments permettrait une maîtrise de la consommation d’énergie et d’économiser jusqu’à 100 TWh sur dix à quinze ans. En complément, la sobriété de la France en matière d’énergie, lié une évolution des modes de vie (à l’échelle individuelle et collective), conduirait à une baisse de la consommation d’électricité d’environ 40 à 60 TWh à l’horizon de 2035.
Même dans les scénarios de production les plus hauts, la France dispose donc de moyens pour alimenter ses besoins en électricité via une production essentiellement bas carbone à l’horizon de 2035.