« Je ne me voyais pas construire un atelier sans y associer ceux qui doivent y travailler au quotidien », avance Christian Mogis, agriculteur à Pacé (Ille-et-Vilaine). Voilà pourquoi il a tenu à impliquer ses salariés dès l’élaboration des plans du nouveau bâtiment de la Cuma de Pacé qu’il préside. Situés en périphérie de la commune, le long d’une voie d’accès, les nouveaux locaux de la Cuma de l’Union à Pacé, ouverts en juin, sont flambant neufs.

« Cerné par les lotissements, l’ancien site était devenu trop petit ; l’atelier, trop sombre », explique Christian Mogis. Créée en 1962, la Cuma compte quarante adhérents actifs (plus de 2 000 ha), deux salariés (chef d’atelier et chauffeur mécanicien), un apprenti et un stagiaire. Elle a la particularité d’assurer l’entretien du matériel de la Cuma, celui de ses adhérents, mais aussi des deux inter-Cuma (ensileuses, big-baller) auxquelles elle adhère et d’une Cuma mélangeuse automotrice.

Une concertation dès le départ

Dès 2017, après la première étude de faisabilité, un groupe de travail composé de 5-6 adhérents et de deux salariés (chef d’atelier et mécanicien) a été constitué. Il s’est réuni toutes les deux à trois semaines pendant l’élaboration du projet. L’ancien chef d’atelier étant proche de la retraite, Nicolas Delaunay a été embauché pour son remplacement et dans l’optique de ce projet. « Le projet du bâtiment allait de pair avec le changement de management, précise Christian Mogis. Compte tenu de l’importance du projet, nous ne pouvions pas nous tromper. »

Tout au long de la réflexion, la concertation a été le maître mot. Elle a commencé par l’accord de tous les adhérents lors d’une réunion en septembre 2017 après une étude préalable de la FNCuma (DynaCuma) : « Dès que nous avons obtenu le feu vert des adhérents, nous avons fait appel à un bureau d’études pour ne pas faire d’erreur. » Cette implication a permis d’élaborer un bâtiment pleinement pensé pour la qualité de vie au travail et pour l’efficacité des gestes.

Dessiné pour la qualité de vie au travail

Avec une porte de douze mètres de largeur, l’atelier est suffisamment grand (550 m²) pour accueillir facilement deux machines côte à côte en maintenance. « C’est un gain de temps et d’efficacité », estime Nicolas. Le bâtiment est très lumineux grâce à une verrière sur son pourtour et au niveau de la faîtière.

Bac à huile sur chariot, système de vidange au ras du sol, armoire de sécurité… des équipements intérieurs ont été installés pour limiter la pénibilité et les interventions manuelles. La MSA a travaillé avec les salariés pour adapter au mieux les équipements. À l’avenir, il pourra aussi accueillir un pont roulant pour éviter le port de lourdes charges.

Les conditions de circulation ont été particulièrement étudiées grâce aux contributions de tous les salariés. Chaque matériel passe par la station de lavage, puis alimenté en carburant avant d’être remisé sous l’un des deux hangars de stockage. La station de fuel est informatisée, ce qui évite toutes erreurs de transcriptions par le personnel.

Les machines en panne sont parquées sur une zone de réparation. De son bureau, le chef d’atelier a une vision stratégique sur tous les mouvements de machines. Outre le bureau, les locaux comprennent un bureau pour la comptabilité, une salle de réunion, un réfectoire et des vestiaires avec douche.

Chercher les idées ailleurs

De nombreuses visites ont été réalisées auprès d’autres Cuma. Le cahier des charges était précis  : un terrain accessible, un bâtiment spacieux et lumineux, des espaces spécifiques pour chaque opération (lavage, pompe à carburant…) et des espaces de circulation. « Nous avons pris le meilleur de chaque visite dans les différents ateliers visités », résume Christian Mogis.

Un lieu d’échanges

« C’est un projet qui a pris du temps, qui n’a pas toujours été simple avec un coût financier important (700 000 euros), mais je n’ai pas de regret car nous sommes partis sur du long terme », assure Christian Mogis. Aujourd’hui, le matériel n’est plus dispersé entre plusieurs exploitations. Il est rangé et fonctionnel quand il doit servir.

Le volet social n’est pas à négliger non plus. Il a contribué à attirer de jeunes salariés ou apprentis motivés. « Avec Nicolas, nous avons piloté en binôme. J’étais très content d’avoir été épaulé comme cela car c’est une personne très rigoureuse. »

« C’était un gros challenge, acquiesce Nicolas. Le passage par toutes ces différentes étapes de la construction nous a permis de partager beaucoup de choses, de mieux se connaître et de créer un lien de confiance. » La Cuma est devenue un lien d’échanges pour tous. Elle a retrouvé une nouvelle dynamique !

Isabelle Lejas