Le recours aux travailleurs étrangers est courant dans les exploitations agricoles du Sud-Ouest, et le réseau illégal a sévi dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre agricole. Dix prévenus de nationalités colombienne, équatorienne et vénézuélienne, impliqués à des degrés divers dans ce réseau qui a opéré de janvier 2022 à juin 2024, avaient comparu le 23 septembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan.
Plusieurs centaines de victimes
L’enquête menée par l’antenne d’Hendaye (Pyrénées-Atlantiques) de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants, en collaboration avec les polices espagnole et colombienne ainsi que l’agence Europol, avait débuté en 2023 après une demande de vérification de documents d’identité espagnols par la Mutualité sociale agricole des Landes.
« Plusieurs centaines de migrants » ont été victimes de ce réseau, selon un commandant de la Police aux frontières. « Les faussaires vendaient des faux papiers mais ils en louaient aussi de véritables, avec un droit d’entrée à 1 000 euros puis un tarif mensuel de 250 euros », a détaillé le policier.
Les clandestins devaient également s’acquitter d’un « droit d’accès » au travail, mais aussi payer leur hébergement dans des conditions indignes, l’ouverture d’une ligne téléphonique et celle d’un compte bancaire, le tout au bénéfice des trafiquants. Un système qualifié par l’accusation de « low cost du trafic de migrants », lors d’une audience fleuve qui a donné lieu à un bras de fer entre la présidente du tribunal et les avocats, contraints de plaider jusque tard dans la nuit.
Aucun élément à charge des employeurs
La tête pensante du réseau a été condamnée à cinq ans ferme et 15 000 euros d’amende, avec interdiction définitive du territoire français, pour faux, blanchiment d’argent et aide au séjour irrégulier sur le territoire français. Pour les autres passeurs et faussaires, ainsi que leurs petites mains, les peines vont d’un an à quatre ans de prison ferme. L’enquête n’a pas mis en évidence d’éléments de nature à mettre en cause les employeurs de cette main-d’œuvre.