« Jusqu’à présent, nous n’avions pas trop de souci de main-d’œuvre, mais cela commence à devenir compliqué », reconnaissent Doris et Roland Jaeg, à la tête avec leur fils Gilles, d’une exploitation de céréales et de maraîchage à Bindernheim (Bas-Rhin).

« Une équipe complète pour les 5 ha d’oignons de la fin d'avril à la mi-août et les 13 ha de navets de septembre à février, c’est huit personnes. Or un saisonnier habitant le village a démissionné parce qu’il a trouvé un CDI et un autre s’est blessé. »

L’été, l’unité de conditionnement débite quotidiennement 5 000 bottes d’oignons qu’il faut nettoyer et disposer dans la lieuse. L’hiver, rebelote avec les navets à parer. « Je recherche pour la fin de juin deux saisonniers locaux dont un tractoriste également capable d’être sur la ligne », signale Roland. Mais pas l’ombre d’un candidat à l’horizon malgré un tarif supérieur au Smic. « Décrocher un CDI dans les entreprises des villages alentour est relativement aisé. Le travail manuel n’a plus la cote. Les candidats se plaignent très vite du mal de dos. »

Les primes n’ont pas suscité de fidélité. « Elles n’empêchent pas les départs », constate Doris.

Occasionnels polonais

Depuis qu’il s’est lancé dans les légumes en 2009, le couple passe par une agence d’intérim basée en Pologne pour compléter son équipe par deux ou trois occasionnels étrangers. Ils reviennent régulièrement pour être présents entre huit et neuf mois dans l’année. Roland les accueille dans une chambre d’hôtes de quatre places aménagée chez ses parents moyennant une participation de 95 € par mois. « Aucune chance si on ne les loge pas », dit Roland.

Pour augmenter son salaire, ce personnel ne rechigne pas aux heures supplémentaires. Il a déjà informé ces saisonniers de son nouveau besoin. « Attirer de la main-d’œuvre étrangère, c’est un dernier recours, mais c’est la seule solution que je vois. Nous sommes encore sereins. Mais pas rassurés sur le déroulement de notre saison », conclut-il.