« Le problème que l’on a aujourd’hui, c’est la distorsion sur le coût de la main-d’œuvre », témoigne le producteur de légumes Marc Kerangueven, président de la Sica Saint-Pol-de-Léon. Felcoop, la Fédération des coopératives et Sica de producteurs de fruits et légumes frais et transformés, de pommes de terre et des horticulteurs, a tenu son assemblée générale le 26 avril 2023 à Paris, sur le thème de la compétitivité.
Distorsions
Selon les données de Légumes de France que Marc Kerangueven a relayées, le coût de la main-d’œuvre dans plusieurs pays européens est plus bas qu’en France : –37 % en Italie, –11 % en Allemagne, –24 % en Belgique, –36 % en Espagne. « On est complètement en distorsion avec ces pays-là, sur un marché hyperconcurrencé. Au Maroc sur les tomates, le différentiel est de 1700 % ! », s’est-il exclamé.
Pour le secteur, « la main-d’œuvre représente 40 à 50 % du coût d’un produit, voire jusqu’à 70 % pour certains fruits », a-t-il rappelé.

Plusieurs participants ont également évoqué la difficulté à trouver de la main-d’œuvre. Sur cette question, « on essaye de progresser, a assuré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau, venu clôturer l’assemblée. À la fois sur des systèmes incitatifs de retour vers l’emploi, sur la question du RSA, et sur la nécessité d’accompagnement en termes de formation. »
Plan de souveraineté salué
Le ministre avait aussi indiqué le 1er mars 2023, à l’occasion du lancement du plan de souveraineté pour les fruits et légumes, travailler sur le dispositif TO-DE pour le secteur. Il permet aux exploitations agricoles qui embauchent des travailleurs saisonniers de bénéficier d’une exonération des cotisations patronales. Lors de l’assemblée générale, ce plan a été salué par Jean-Michel Delannoy, président de Felcoop. Il a toutefois émis quelques réserves, telles que l’absence de mesures de simplification administratives, ou encore le risque d’affaiblissement de l’organisation commune de marché (OCM) pour le secteur. L’objectif de ce plan est de regagner cinq points sur le taux d’autoapprovisionnement en fruits et légumes en France d’ici à 2030 et dix points d’ici à 2035.
Outre la main-d’œuvre, d’autres sujets interpellent les adhérents de Felcoop, tels que le durcissement des règlementations (produits phytosanitaires, emballages, taxe sur le transport routier…), la hausse des coûts de production (énergie, logistique…), la pression des ONG, ou encore la disponibilité en eau.
(1) Société d'intérêt collectif agricole.