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« Il revient à tout employeur, y compris en agriculture, de préserver la santé des salariés dans les conditions de travail réelles. C’est écrit clairement dans le code du travail », rappelle David Mussard, médecin conseiller technique national à la Caisse centrale de Mutualité sociale agricole (MSA). Cette obligation reste valable pendant les périodes de fortes chaleurs.

Dès 28°C

Quand on parle de fortes chaleurs, on ne les résume pas uniquement aux périodes de canicule. Désormais, il y a un consensus pour définir les fortes chaleurs au travail par une température supérieure à 28°C en extérieur ou en atelier et à 30°C pour une activité de bureau (la température s’entend au sens météorologique, c’est-à-dire à l’ombre, protégée du vent et à un mètre du sol). Autant dire qu’avec le changement climatique, ce type de situation ne sera pas rare dans l’activité agricole.

Coups de chaleur et déshydratation

« Les principaux risques pour les salariés sont le coup de chaleur et la déshydratation. Le coup de chaleur est rare mais grave : il est mortel dans 15 à 25 % des cas. La chaleur peut également agir comme facteur aggravant de pathologies préexistantes. Par ailleurs, une forte chaleur rend les tâches physiques plus difficiles, entraîne oublis, erreurs et peut être à l’origine d’accidents du travail », résume l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents de travail et des maladies professionnelles (INRS).

Trois actions de l’employeur

David Mussard cite trois actions que l’employeur agricole doit absolument mettre en œuvre dans une telle situation :

  • fournir suffisamment d’eau pour que les salariés puissent boire à volonté. Laissez les boire souvent. Bien sûr, l’alcool est à proscrire.
  • modifier l’organisation du travail en tenant compte de la situation : différer des tâches soit dans les heures moins chaudes de la journée, soit carrément après la période de fortes chaleurs ; augmenter la fréquence des pauses ; décaler les horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes ; différer si possible les tâches à proximité d’une source de chaleur supplémentaire (un moteur, par exemple)… Au passage, travailler plus vite pour finir plus tôt n’est pas une bonne idée puisque la fatigue augmente la sensibilité à la chaleur.
  • protéger les salariés de la chaleur en leur fournissant des couvre-chefs.

En cas de malaise

Si un salarié présente les signes d’un coup de chaleur (mal de tête, crampes, étourdissement…), ce sont les règles générales d’alerte qui s’appliquent : le retirer rapidement de la source d’exposition, et alerter les services de secours (par le 15 ou le 112). À ce sujet, l’employeur doit organiser le travail pour éviter qu’un travailleur se retrouve seul ou coupé des réseaux de téléphone. Si ce n’est pas possible, il faut absolument savoir où il est pour être alerté si jamais il tarde à revenir.

L’écrire dans le DUERP

L’obligation de l’employeur sera analysée au regard du document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) de l’exploitation. Ce document est obligatoire dès le premier employé et il doit être révisé au moins une fois par an. Il recense tous les risques liés à l’activité et envisage les actions de prévention pour faire disparaître ces risques ou les réduire. Le travail par fortes chaleurs doit être, comme les autres risques, abordé à ce moment-là. C’est aussi à ce moment-là que peuvent être abordées les actions pour les personnes qui présentent des fragilités supplémentaires dans de telles situations, comme l’âge, une éventuelle maladie chronique ou des pratiques religieuses (tout en gardant la confidentialité des cultes ou des informations de santé).