«Le scanner permet d’effectuer des mesures morphologiques sur des animaux vivants en toute sécurité pour l’opérateur, comme celles de surfaces et de volumes qui nous apportent de nouvelles connaissances sur les bêtes d’élevage », amorce Clément Allain, responsable de projet élevage de précision à l’Idele (1).

Les cinq caméras intégrées au portique, dont l’unique exemplaire est installé à la ferme expérimentale de l’Inra du Rheu, en Ille-et-Vilaine, donnent un nuage de points fidèle à la forme de l’animal, à partir de la projection de plans laser dirigés vers lui. Un seul passage de quatre secondes du portique motorisé au-dessus de lui est nécessaire. Le nuage de points est ensuite analysé par un logiciel de manière à nettoyer, combler ainsi que lisser l’image. « L’appareil est relativement silencieux et la captation rapide. Le scanner n’a pas été une source de stress pour les animaux, même s’il faut garder à l’esprit que les vaches de la ferme expérimentale sont habituées à ce genre de nouveautés », rassure Clément Allain.

Estimation du poids et du contenu digestif

Au lancement du projet porté par l’Idele, l’Inra et Agrocampus Ouest, les travaux se sont focalisés sur la fiabilité des mesures obtenues sur les critères morphologiques (type hauteur au garrot ou largeur des hanches), les surfaces et les volumes. « Depuis 2018, nous travaillons surtout sur l’estimation du poids et du contenu digestif. La note d’état corporel (Nec) est aussi une perspective », explique Clément Allain.

Les débouchés sont prometteurs. L’automatisation du traitement de l’image, non effective à ce jour, proposera de systématiser et d’augmenter le nombre de scans par animal, en vue d’établir un lien entre les variations des critères morphologiques comme le volume, et l’état de santé de l’animal, sa consommation alimentaire ou son stade de lactation.

Demain dans nos fermes ?

La commercialisation du scanner n’est pas encore à l’ordre du jour. « Pour l’instant, il est destiné à la recherche. Son introduction dans une ferme commerciale dépendra de l’apport de paramètres concrets, qui permettront à l’agriculteur de piloter son élevage. Le volume, en tant que tel, n’amène rien. En revanche, si sa variation dans le temps donne la possibilité de réaliser un diagnostic de gestation ou de prévenir une pathologie, cela devient intéressant. On pourrait aussi estimer le rendement carcasse sur un animal vif », précise Clément Allain. À défaut d’équiper tous les élevages, une version portative du dispositif donnerait lieu d’en munir les partenaires des éleveurs (conseil, pointage génétique…).

Le prix du scanner dans sa configuration actuelle approcherait les 60 000 €. Mais Jean-Michel Delouard, directeur de 3D Ouest qui a conçu l’outil, rappelle qu’il « a été développé dans le cadre d’un projet de recherche, et que le dispositif est voué à évoluer. Le coût de commercialisation ne sera pas équivalent à celui qu’il a représenté durant la phase test. » Alexandra Courty

(1) Institut de l’élevage.