« Tous les logiciels qui gravitent autour de l’élevage dans notre sud-ouest sont touchés. C’est une attaque d’ampleur », admet Michael Meyrueix, président de l’Arsoé de Soual. Cette coopérative numérique au service des éleveurs a en effet subi, le week-end des 14 et 15 décembre 2024 une cyberattaque, paralysant ses activités depuis lors.
Ce sont notamment les 30 000 éleveurs et plusieurs milliers de techniciens utilisateurs du logiciel Synel qui sont touchés, sans compter le fait que l’Arsoé de Soual héberge les données de 21 départements en termes d’identification. Le contrôle laitier, le service Bovin croissance, l’identification, les notifications d’entrées, de sortie, de naissance, l’édition de cartes, le suivi du troupeau ou encore la commande de boucles : autant de fonctionnalités qui sont inaccessibles aux éleveurs et aux salariés des chambres d’agriculture, GDS, établissements départementaux de l’élevage, coopératives d’inséminations…
L’un des points noirs est le passeport : « Ils ne peuvent pas être édités », témoigne Jean-Baptiste Saudan, directeur de l’Arsoé de Soual. Le tout dans 22 départements du sud-ouest : toute l’Occitanie, l’ex-Aquitaine et les départements de Corse-du-Sud, de Corrèze, du Cantal et de Haute-Vienne. Comme l’indique son président, « quasiment toutes les races allaitantes, sauf la Charolaise » ont aussi leur base hébergée dans cette coopérative.
« Ils veulent une rançon »
Jean-Baptiste Saudan déclarait vendredi 20 décembre au soir : « Nous ne pouvons pas donner de date de remise en service. Nous avons écarté à 99 % la probabilité d’une fuite de données. Les pirates veulent une rançon et nous ne rentrerons pas là-dedans. »
Conséquence de cette attaque pour les éleveurs : « On est revenu au bon vieux papier ! Ce n’est franchement pas simple… », résume Christophe Gaillard, éleveur de broutards à Aurignac, en Haute-Garonne. Les consignes sont en effet de se reporter sur des e-mails ou des courriers, pour lesquels la date d’envoi fait foi en termes de délais.
« Des mesures dérogatoires sont à l’étude avec les services de l’État concernant une boucle manquante sur deux, les délais de notification, la gestion de cas particuliers, le remplacement de documents… », énumère Jean-Baptiste Saudan. « Plein de choses sont déjà mises en place au niveau départemental, mais l’idée est de se coordonner sur l’ensemble de la zone », témoigne une technicienne de chambre d’agriculture.
Cette cyberattaque intervient après celle qu’avaient subie les chambres d’agriculture d’Occitanie mi-novembre dernier. « Les techniques sont très similaires mais ce ne sont pas les mêmes attaquants, déclare le directeur de l’Arsoé de Soual. On a beau avoir un haut niveau de sécurisation, c’est difficile de faire face à des attaques aussi sophistiquées, avec des moyens aussi importants. »