Au printemps 2022, la France a enregistré une première mondiale : la mise en vente, grâce à la génomique, de la semence du premier taureau prim'holstein résistant naturellement à la paratuberculose. Mortalité, réformes anticipées, baisse de production, restrictions commerciales, perte de potentiel génétique…

Le fort impact économique de cette maladie explique pourquoi la lutte contre sa forme clinique « entérique » est, avec le plan paratububerculose, une action prioritaire des groupements de défense sanitaire (GDS) depuis plus de 25 ans. La maladie est, de fait, très répandue. Elle toucherait au moins la moitié des élevages laitiers, avec 5 à 10% des animaux infectés.

« Son diagnostic est difficile sur les jeunes animaux sans compter les formes subcliniques, indiquait Arnaud Delafosse, directeur du GDS de l’Orne, le 4 novembre dernier à Paris, lors du séminaire d’ApiGenes (1). Si le plan paratuberculose est efficace à l'échelle d'un élevage, ses effets sont plus limités à l’échelle collective », précise-t-il.

Ces actions sont souvent mises en œuvre après plusieurs cas cliniques pour éteindre le feu. Elles consistent en un dépistage puis l’élimination des animaux infectés et s’accompagnent de mesures de protection des veaux. Se débarrasser de la maladie prend du temps, de l'ordre de cinq ans en élevage laitier, dix ans en élevage allaitant.

Outil de prévention

Sur le plan collectif, la lutte contre la paratuberculose bovine s’appuie sur l’amélioration des analyses de laboratoire. Elles permettent de mieux identifier les cheptels infectés afin de pouvoir intervenir précocement, mais aussi de détecter les bovins infectés subcliniques. Une autre voie particulièrement prometteuse s’appuie sur la prise en compte de la résistance naturelle de certains bovins à l’infection. 

« Grâce à la génomique, nous avons pu classifier les animaux selon leur sensibilité naturelle à la paratuberculose : ils se répartissent entre 5% de très sensibles, 20% de sensibles, 50% d’intermédiaires et 25% de résistants », détaille Arnaud Delafosse. Les animaux les plus sensibles peuvent ainsi être identifiés précocement et réformés avant de tomber malade ou de transmettre la maladie.

En race prim'holstein, les indicateurs génomiques de résistance à la tuberculose n'ont pas d'impact négatif sur les autres critères de sélection. En Normandie, les premiers résultats du projet "Paradigm" sont également encourageants. Ces travaux devraient permettre d'aboutir à une évaluation génomique diffusable en 2024. Des discussions ont par ailleurs démarré en race montbéliarde. La dynamique reste à lancer pour les races allaitantes, notamment la Limousine.

(1) Structure qui finance les recherches en génétique des ruminants.