Certains ménages britanniques ont dû changer leur menu de Noël. Le virus de la grippe aviaire a anéanti de nombreux élevages de dindes élevées en plein air à travers le pays, faisant grimper les prix des mets de fête en flèche. Les enseignes de la grande distribution ont rapporté une augmentation des prix de 20 % à 48 % pour les animaux les plus lourds.
La pire épidémie
Richard Griffiths, directeur général du Conseil britannique de la volaille (British Poultry Council), estime que c’est la pire épidémie de grippe aviaire que le pays ait jamais connue. "Le nombre habituel de dindes élevées en plein air pour Noël est en général de 1,2 à 1,3 million. Environ la moitié a été directement touché par l’épidémie", calcule-t-il.
Sur la totalité des dindes produites pour Noël – qu'elles soient élevées en plein air ou non, c’est-à-dire entre 8,5 et 9 millions d'animaux – probablement un peu plus d'un million a fait l'objet d'un abattage sanitaire ou est mort du virus, estime Richard Griffiths.
Pour pouvoir fournir la demande au moment des fêtes, les supermarchés avaient anticipé la pénurie et augmenté leurs commandes de volailles congelées. Le Royaume-Uni est un des pays qui a été le plus durement touché en Europe, probablement en raison des schémas migratoires naturels des oiseaux sauvages dans le pays.
Rationnement sur les œufs
La filière de production d’œufs de plein air a également été fortement perturbée. À certains moments, au cours des dernières semaines, les œufs ont été rationnés dans les points de vente au détail pour tenter de réguler les problèmes d’approvisionnement et faire face à une demande croissante. Bien que la grippe aviaire soit un facteur majeur de la pénurie d’œufs, cette dernière est également aggravée par la guerre en Ukraine et les pénuries mondiales d’intrants, qui pèsent sur les marges des éleveurs.
L'association des producteurs d'œufs de plein air britanniques (BFREP) a estimé que le nombre de poules pondeuses de plein air a diminué de 6 % au cours des 12 derniers mois, pour atteindre 36,4 millions d’oiseaux.
Modifier le système d’indemnisation
Plusieurs députés de la Commission de l’environnement, de l’alimentation et des affaires rurales ont appelé à modifier des règles d’indemnisation "fondamentalement injustes" pour les producteurs.
Ils dénoncent le fait que les paiements sont calculés sur le nombre d’animaux en bonne santé abattus. Or, la souche actuelle de grippe aviaire est si virulente qu’un grand nombre d’oiseaux meurent entre la notification de la maladie par les agriculteurs auprès des services vétérinaires et la date d’abattage du cheptel.
Plus les agriculteurs attendent pour l'abattage de leurs animaux, moins ils sont indemnisés. La Commission souhaite que la secrétaire d’État à l’Environnement, à l’Alimentation et aux Affaires rurales, Thérèse Coffey, révise les règles afin que l’indemnisation soit versée en fonction du nombre d’oiseaux vivants lorsque le producteur signale l’épidémie, plutôt que sur la base du nombre d’oiseaux abattus.