En introduction du colloque, « l’agriculture dans la campagne présidentielle », organisé à Sciences Po Paris le 23 février 2017, Martial Foucault, directeur du Cevipof, a commenté une étude sur le vote des agriculteurs. Le Cevipof observe, depuis novembre 2015, la dynamique des intentions de vote de 25 000 Français en continu.
300 exploitants dans le panel
Dans ce panel les agriculteurs en activité sont au nombre de 300. « Ce qui frappe, à deux mois du vote présidentiel, c’est le fort potentiel d’abstentionnistes, décrit Martial Foucault. Il atteint 51 %, dans une catégorie socioprofessionnelle attachée aux valeurs républicaines, qui jusqu’ici votait. À titre de comparaison, cette abstention s’élève à 42 % pour les ouvriers, à 38 % pour les employés. »
Le vote des agriculteurs est traditionnellement un vote de droite. Le clivage gauche/droite avait jusqu’ici une signification. Les votes aux extrêmes étaient peu fréquents. « Le vote de ces 300 agriculteurs, mesuré en février, avant qu’ils ne connaissent vraiment les programmes des candidats, est éclaté entre quatre candidats : 2 % pour Jean-Luc Mélenchon, 18 % pour Benoît Hamon, 20 % pour Emmanuel Macron, 20 % pour François Fillon et 35 % pour Marine Le Pen. »
Autre enseignement provisoire : 45 % des sondés disent aimer l’ Europe, et 55 % la France. Selon Martial Foucault, « ce vote éclate correspond à l’éclatement du niveau de vie et du niveau de revenus ». François Purseigle, du Cevipof et de l’Ensat de Toulouse, rappelle que l’écart de revenu va de 1 à 5. « Le monde agricole est marqué par le saut dans l’incertitude, par la prise de conscience de leur place minoritaire y compris dans le milieu rural. Il reste à savoir s’ils se retirent du jeu en s’abstenant ou s’ils attendent les programmes pour se reporter sur d’autres choix », conclut-il. En précisant que le vote des retraités de l’agriculture reste lui traditionnellement acquis à la droite classique.