Un « Brexit +++ », avait prédit le candidat républicain. Donald Trump n’a pas manqué son effet : alors même que les sondages le donnaient perdant face à Hillary Clinton, le milliardaire a été élu, le 8 novembre 2016, président des États-Unis. « Nous allons nous mettre au travail immédiatement », a-t-il annoncé lors d’un premier discours à ses partisans. Vers quoi le pays va-t-il basculer ? Si son programme est en effet bien identifié, le milliardaire a suffisamment prouvé son imprévisibilité durant ces 18 derniers mois de campagne, laissant planer un grand doute.

 

Jusqu’où Donald Trump pourra-t-il mettre en pratique ses déclarations controversées ? La rupture, voire la « révolution » annoncée par l’homme d’affaires, novice en politique, est en effet difficile pour l’heure à cerner.

 

25 décrets présidentiels pourraient cependant être négociés très rapidement, selon son équipe de campagne, afin de « tourner la page Barack Obama ». Avec parmi ses priorités : la remise en cause de tous les traités de libre-échange.

Le protectionnisme contre le commerce international

« Moins d’immigration, de mondialisation et de délocalisation ! » est le credo du milliardaire qui s’est engagé à contester tous les accords commerciaux internationaux conclus précédemment par les États-Unis. S’il tient ses promesses, le pays devrait quitter l’Alena, l’accord de libre-échange passé entre les États-Unis, le Canada et le Mexique. Les négociations avec l’Europe sur le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) devraient aussi être stoppées net. Et « nous allons renégocier ou sortir de l’OMC », une organisation qu’il juge comme un « désastre ».

 

À maintes reprises lors de sa campagne, Donald Trump a dénoncé le commerce international, n’hésitant pas à parler de « viol » et de concurrence déloyale avec le Mexique, la Chine, mais aussi l’Union européenne. Et de faire valoir en vis-à-vis sa volonté de défendre les intérêts économiques des travailleurs et des agriculteurs américains sur la scène mondiale.

 

Dans la nuit du 8 au 9 novembre, il s’est cependant dit disposé à travailler et à s’entendre « avec tous les pays prêts à s’entendre avec nous », ainsi qu’à favoriser « le partenariat plutôt que le conflit ». Rien ne doit cependant entraver son but premier : doubler la croissance des États-Unis, « pour renouveler le rêve américain » et « reprendre en main le destin de notre pays ».

Quid de la main-d’œuvre immigrée

Donald Trump a proposé des mesures radicales, durant sa campagne, en matière d’immigration, notamment la construction du fameux mur à la frontière avec le Mexique « payé par les Mexicains ». Il a aussi promis de renforcer les sanctions à l’égard des immigrés illégaux et d’instaurer une préférence nationale pour l’accès à l’emploi.

 

Ce volet est loin de satisfaire les farmers, en particulier l’AmericanFarm Bureau, le principal syndicat agricole des États-Unis qui souhaite, lui, au contraire, mettre en place un statut légal pour les travailleurs étrangers « expérimentés ».

 

Aux États-Unis, l’agriculture est fortement tributaire de la main-d’œuvre immigrée, tant légale qu’illégale (surtout pour la récolte de fruits et de légumes et la production laitière). Une telle approche draconienne de l’immigration pourrait entraîner des pénuries alimentaires ou tout au moins un pic des prix alimentaires, selon Modern Farmer, média spécialisé en agriculture.

Non aux étiquettes OGM

L’éventualité d’un étiquetage des aliments fabriqués avec les OGM a d’ores et déjà été écartée par Donald Trump. Même si, souligne un récent sondage du New York Times, la mesure est sollicitée par 90 % des consommateurs américains.

 

Le Républicain s’est en revanche positionné pour un renforcement du Renewable fuel standard (RFS), le programme concernant la production de biocarburants. Et s’est déclaré « totalement en faveur de l’éthanol, à 100 %, et je le soutiendrai ».

Plaidoyer pour la « malbouffe »

Amateur de malbouffe, explique-t-il sans complexe, bien que propriétaire de plusieurs restaurants, Donald Trump a tenté, lors de sa campagne, d’éliminer les réglementations en matière de sécurité alimentaire. Il a cependant fait marche arrière finalement, face à la levée de boucliers des consommateurs. Il n’a par ailleurs montré aucun intérêt pour l’agriculture biologique, au cours de sa campagne.

 

D’une façon générale, le futur nouveau président des États-Unis n’a pas porté une grande attention aux questions agricoles et rurales. Mais, si les problématiques en la matière n’ont pas été traitées publiquement, il a mis en place, durant sa campagne, une page Facebook « Farmers for Trump », pour répondre, loin des écrans, aux questions des agriculteurs.

 

Des sondages réalisés durant la campagne montrent qu’une forte proportion d’agriculteurs avaient l’intention de voter pour Donald Trump.