« Depuis fin 2020, il y a un engouement fort pour les haies », note Florian Vincent, conseiller en forêt et agroforesterie à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. Sur les six derniers mois, il a reçu plus de 70 demandes de conseil pour planter environ 100 km de linéaire de haies. Céréaliers, éleveurs ou viticulteurs, tous sont intéressés, avec des objectifs différents : protéger du vent, donner de l’ombre, créer une antidérive des traitements, favoriser la biodiversité ou lutter contre l’érosion. Sans oublier leur intérêt pour le stockage du carbone et leur valorisation en bois énergie.

La préparation

Choix d’essences adaptées

Il existe une quarantaine d’essences possibles pour constituer une haie. Selon les objectifs de l’agriculteur et le contexte pédologique des parcelles, Florian Vincent et son collègue Hubert Désiré sélectionnent les essences les mieux adaptées. Un même linéaire peut en rassembler 10 à 30. La densité est en général d’un à deux plants par mètre linéaire.

 

S’y prendre un an avant

La préparation du sol se fait en général pendant l’été et les plantations de fin novembre à début mars. « Sachant qu’il faut intégrer les délais d’instruction des dossiers, il faut s’y prendre au moins un an avant », conseille Hubert Désiré. Les dossiers envoyés après l’été 2021 donneront lieu à des plantations à l’hiver 2022. « Face à la forte demande, il faut espérer qu’il y ait suffisamment de plants en pépinières et que toutes les commandes soient honorées », pointe le conseiller.

La plantation

Emprise jusqu’à 5 mètres

À 2 m de distance du voisin, la plantation se fait sur un mètre de largeur. Au fil des années, la croissance latérale des arbustes occupera jusqu’à 2 m de chaque côté, avant de s’arrêter naturellement. Soit une emprise maximale de 5 m au bout de 20 ans, qui obligera à reculer progressivement la ligne de semis de la parcelle qui jouxte. Une gestion pourtant fréquente des haies, qui consiste à passer un broyeur type épareuse tous les ans, est à proscrire : « Un coût de 200 €/km/an est évité, mais surtout l’intérêt de la haie est de créer le maximum de biomasse, dans l’optique de la valoriser au bout de 20 ans », insistent les conseillers.

 

Entretien tous les 5 ans

Malgré la mise en place systématique d’un paillage, il faudra éventuellement un arrosage les deux premiers étés. Tous les 4 à 5 ans, il faudra « éduquer » la haie, avec un entretien latéral pour contrôler la croissance des branches les plus « poussantes » avec un lamier sécateur ou à couteaux. « Il faut enlever le minimum de biomasse et laisser la haie se densifier », insiste Florian Vincent. Le cas échéant, prévoir une taille de formation puis un élagage des arbres destinés au bois d’œuvre pour obtenir des troncs rectilignes et du bois sans nœud. Et chaque année, l’agriculteur devra surveiller l’état des protections contre le gibier ou les animaux de l’élevage.

Récolte après 20 ans

Les débouchés

Au bout de 20 ans, la haie pourra être valorisée en bois déchiqueté pour le chauffage (plaquettes) ou le paillage (litière animale ou plantations), bûches ou piquets de clôture. Les arbres à vocation de bois d’œuvre sont coupés au bout de 50 à 80 ans selon les essences. Une haie produit environ 20 à 25 MAP (m3 apparent plaquette) de biomasse par kilomètre et par an.

 

100 € par kilomètre et par an

Une haie produira en moyenne 500 à 700 MAP par kilomètre au bout de 20 ans. Vendue en plaquettes, c’est une valorisation de la biomasse bois autour de 2 000 €/km au bout de 20 ans, au prix actuel de 3 €/MAP, soit l’équivalent de 100 €/km/an sur cette période. L’agriculteur qui s’engagerait dans une démarche de certification de type « label bas carbone haies » peut espérer en plus 100 €/km/an au titre de paiement carbone, avec une séquestration de 2 tonnes de carbone/km/an, au prix de 30 à 60 €/t de carbone. Soit environ un gain de 2 000 €/km au bout de 20 ans.

Sophie Bergot