L’Insee a dévoilé ses chiffres prévisionnels définitifs de l’économie agricole pour 2023 et ils sont en berne. Publiés lors de la réunion de la Commission des comptes de l’agriculture de la Nation du 3 juillet 2024, ils révèlent un recul de la valeur de la production agricole de 1,5 % sur un an, alors que l’estimation était de – 0,8 % en décembre dernier. Pour rappel, 2022 avait vu ce même chiffre augmenter de 16,6 % par rapport à 2021.

Les productions végétales affichent la baisse de valeur la plus nette avec un recul de 5,8 % par rapport à 2022. Céréales (–24,9 %), oléagineux et protéagineux (–23,1 %) pèsent le plus lourd dans ce résultat négatif, entraînés par la baisse des cours mondiaux. Du côté des productions animales en revanche, la valeur est dans le vert avec + 4,9 % pour l’ensemble des filières malgré le recul de l’offre. La viande de volaille et les œufs gagnent le plus de valeur avec + 8,2 % suivis par les autres viandes (bovins, porcins, ovins, caprins, équidés) à + 5 % et le lait à + 3,3 %.

Le prix des engrais toujours en hausse

Pour les postes des dépenses, l’Insee observe une hausse de 1,3 % en valeur des consommations intermédiaires. En détail, il est noté un prix des engrais et amendements toujours en progression sur l’année 2023 (+ 19 %), compensés par un repli du volume consommé de 17 %. On reste toutefois loin de l’explosion du prix en 2022 (+ 82,1 %).

Chambre d’agriculture France a aussitôt réagi à ces résultats décevants par son président Sébastien Windsor. « Il ne saurait y avoir d’agriculture productive, créatrice de valeur, et responsable sur le plan environnemental, sans des résultats en phase avec ces engagements, et surtout sans perspective », déplore-t-il.

Ce retrait de la valeur de production combiné à la hausse de celle des consommations intermédiaires entraîne une baisse de la valeur ajoutée brute de 5,3 % pour la branche agricole. « Une rupture s’opère avec les deux années précédentes où la valeur ajoutée brute avait fortement progressé (+ 9 % en 2021 et + 25,7 % en 2022) », précise l’Insee.

Dans un communiqué commun, les syndicats FNSEA et JA décrivent une situation « préoccupante » et appellent les prochains élus à prendre des « actions pour garantir la pérennité de l’agriculture française ». Ils espèrent un « renforcement de la compétitivité, l’optimisation des dispositifs fiscaux et sociaux, une stricte application d’Egalim et une protection contre la concurrence étrangère déloyale ».