L’Insee publie les comptes provisoires de l’agriculture pour 2022 ce 6 juillet 2023. Les chiffres sont quelque peu réajustés par rapport aux prévisions de la fin de 2022. La tendance est pourtant la même : la production en valeur augmente de 16,6 % par rapport à 2021 (baisse des volumes et hausse des prix) et compense la progression des charges (+15,7 % en valeur sur les consommations intermédiaires), liée notamment à la hausse des prix de l’aliment du bétail, des engrais et de l’énergie.

Chiffres révisés

En 2022, la richesse créée par l’activité agricole (valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif), en termes réels (c’est-à-dire corrigé de l’inflation) a progressé de 9,6 % par rapport de 2021. Ce chiffre a été « révisé » de 6,8 points à la baisse par rapport aux données publiées en décembre 2022, fait savoir l’Insee. C’est assez rare pour le souligner. Chaque année, l’Insee publie les comptes prévisionnels en décembre, dont les chiffres sont réajustés en juillet de l’année suivante.

Habituellement les révisons de chiffres sont mineures, mais pour 2022 la forte volatilité des marchés a compliqué la tache des experts. « Depuis deux ans, l’ampleur et la rapidité des dynamiques de prix rendent l’estimation des comptes particulièrement délicate, écrit l’Insee. Lors du compte prévisionnel réalisé en décembre, l’hypothèse retenue a été un retour vers les niveaux antérieurs à la flambée des cours. La baisse s’est révélée plus rapide, notamment avec le renouvellement de l’accord céréalier de la mer Noire en mars 2023. »

Moins de prix plus de charges

Les deux principales différences par rapport aux estimations de la fin de 2022 sont :

  • Une moins forte hausse des prix des céréales que prévue sur le premier semestre de 2023 (ventes de la récolte de 2022);
  • Une plus forte hausse des prix intrants.

Les prix des céréales progressent de 24 % par rapport à 2021 (+33 % prévus en décembre). Pour les charges, l'Insee a retenu une hausse de 24,6 % des prix de l’aliment (+22, 1 % estimés en décembre), de 35 % pour la facture d’énergie (prix x volume, contre +33,6 % estimés en décembre) et de 79,7 % pour les prix des engrais (+78 % estimés en décembre).

Des disparités en productions végétales

En productions végétales, les volumes produits progressent de 1,7 %, mais avec des situations très contrastées. On observe un repli des volumes produits en céréales, de 11 % dont une chute de 30,2 % en maïs, relève l’Insee, –20,7 % en protéagineux, –7,9 % en plantes industrielles (betteraves –8,6 %, tabac, lin textile, houblon…) et –6,7 % en légumes, pommes de terre, plantes et fleurs.

À l’inverse, la récolte d’oléagineux s’accroît avec une extension des surfaces en colza. La production de fruit « marque un net rattrapage » (+20,8 %) après une récolte historiquement basse en 2021 faisant suite aux épisodes de gel, et la production viticole bat des records avec +34,9 % (notamment du fait d’importants volumes en champagne qui ont compensé les faibles rendements de certains vignobles affectés par la chaleur et la grêle). En moyenne, la production (volume x prix) progresse de 17,4 %, portée par la hausse des prix (+15,5 %).

+23,3 % sur les prix en productions animales

En productions animales, les volumes produits sont en recul de 4,7 %. Cette baisse est sensible en veaux (–5,1 %), en porcins (–4,1 %) et en bovins (–2,4 %) et particulièrement notable en volailles (–14,4 %), secteur impacté par l’épidémie de grippe aviaire.

La production d’œufs se maintient (+0,6 %). En lait, la baisse est plus forte que prévu (–4,8 %), alors que la demande est dynamique. Les prix progressent « fortement » avec une hausse de 23,3 % par rapport à 2021, qui concerne tous les produits : bovins (+27 %), porcins (+26,2 %), veaux (+15 %), volailles (+18,6 %) et lait (+19,1 %) et +68 % pour les œufs, en raison d’une très forte demande.

La production (volume x prix) progresse de 17,5 %.