L’Insee a publié le 27 février 2024 les chiffres de son étude sur l’agriculture française intitulée « Transformations de l’agriculture et des consommations alimentaires ». Parmi les grandes tendances observées, l’institut pointe des écarts importants dans les revenus qui voient 10 % des personnes sous le seuil de 10 900 € sur l’année 2020, quand 10 % dépassent les 44 600 €.

Le revenu médian par personne (1) s’affiche à 22 800 €, mais l’écart est assez net entre les petites exploitations à 20 300 € par personne et les grandes à 26 900 € par personne en 2020. L’étude révèle aussi qu’indépendamment de ce niveau de revenu des ménages agricoles, le bénéfice agricole est aujourd’hui minoritaire et ne représente qu’environ un tiers de ce revenu. Les activités extérieures, souvent salariées de l’exploitant ou de son conjoint, atteignent 45 % du revenu et les revenus du patrimoine, comme la location de terres, 22 %.

16,2 % des ménages sous le seuil de pauvreté

Autre fait marquant, l’Insee pointe que parmi les ménages avec au moins un exploitant agricole, 16,2 % vivent sous le seuil de pauvreté, soit un taux supérieur à la moyenne nationale qui est de 14 %. Si cette pauvreté se concentre, sans grande surprise, dans les petites et moyennes exploitations, l’Insee observe de grandes disparités selon les productions.

Chez les éleveurs en bovins à viande, ce niveau atteint 21,5 %, mais grimpe à 23,6 % chez les éleveurs ovins ou caprins et frôle les 25 % en maraîchage et horticulture. C’est plus du double du niveau observé dans les exploitations en grandes cultures plus épargnées, avec 12,2 % en situation de pauvreté monétaire.

Davantage d’exploitations monoproductives

L’Insee observe également une augmentation de la surface moyenne des exploitations. Celle-ci est passée de 55 à 69 hectares en moyenne, sur ces dix dernières années. Un phénomène qui s’amplifie sur l’ensemble du territoire. Si dans les années soixante-dix, les grandes exploitations se concentraient principalement dans les zones céréalières du Bassin parisien, aujourd’hui seuls le bassin méditerranéen et quelques régions viticoles concentrent les exploitations de petites tailles.

Outre l’augmentation des surfaces, les exploitations françaises tendent à se spécialiser encore davantage. En 1980, 20 % des fermes étaient dites monoproductives, autrement dit ne possédaient qu’un atelier significatif. Elles représentent aujourd’hui 35 % des exploitations agricoles. La concentration des productions s’accompagne aussi d’une concentration de l’emploi. En 2020, un quart des fermes mobilisent 61 % de la main-d’œuvre agricole, contre 49 % en 1970.

(1) Selon le calcul du niveau de vie défini par l’Insee qui est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC).