Faut-il inciter ou punir fiscalement les entreprises afin qu’elles s’inscrivent dans un schéma de production durable ? À cette question, Éléonore Caroit, députée Renaissance propose deux réponses. « Il faut mettre en place une fiscalité incitative pour les entreprises, des pourcentages imposés à tous les niveaux, couplée à l’instauration de prix plus élevés pour les produits qui ne respectent pas l’environnement », rapporte-t-elle lors d’une table ronde organisée par l’association française Max Havelaar au Salon de l’agriculture à Paris, ce mardi 27 février 2024.

Subventions et pourcentages

Le commerce équitable représenterait entre 5 % et 10 % de la production mondiale, selon Valeria Rodriguez, responsable du plaidoyer chez Max Havelaar France. Les produits « durables » peuvent réduire de 50 % les coûts sociaux et environnementaux cachés tels que la dépollution de l’eau et les maladies qui touchent les paysans.

Ces coûts invisibles pèsent dans le prix des produits payé par les consommateurs. « À l’heure actuelle, cela coûte toujours moins cher de produire moins durablement et sans respecter les droits humains », estime-t-elle. Dans ce contexte, comment augmenter la part des entreprises « durables » et la consommation de leurs produits ?

Si Éléonore Caroit rejoint l’idée de mettre en place des subventions pour encourager les PME qui rémunèrent au juste prix les producteurs, elle souhaite l’accompagner de pourcentages. « Il faut que partout où on achète des aliments, on exige la présence des produits issus du commerce équitable ou de l’agriculture biologique avec des pourcentages en volumes précis, développe-t-elle. Dans l’inconscient collectif, les aliments issus du commerce équitable et de l’agriculture biologique sont plus chers et ça ne devrait pas l’être ! On doit s’assurer de la présence de ces produits quelle que soit la volonté des entreprises. »

Rétablir les prix

« Les prix sont en concurrence directe et nécessitent un équilibre. Il ne faut plus qu’il y ait des prix complètement cassés notamment lorsqu’ils proviennent de filières de production ni équitable, ni biologique ». Selon la député, cela passe en partie par la pédagogie et moins de subventions attribuées aux entreprises « non vertueuses ».

Pour Blaise Desbordes, directeur général de Max Havelaar France, une bonne répartition de prix passe par les politiques publiques (loi Egalim 3, Projet Loi de Finance 2024) et sur l’ensemble de la chaîne. « Ce n’est pas seulement au producteur de se serrer la ceinture pour proposer des prix attractifs aux consommateurs, tous les maillons doivent faire un effort. »