« C’est un scandale. Cette décision met nombreux d’entre nous dans une situation terrible : c’est une honte de laisser les agriculteurs sans marché. Certains de mes collègues font cinq, six marchés par semaine, et uniquement dans des grandes villes comme Tours, Blois, Amboise. Tous ces marchés ont été fermés », déplore Paul-Emmanuel Boulai, éleveur de porcs sur la ferme familiale dans la petite commune d’Azé, près de Vendôme (Loir-et-Cher).

 

« Que ce soit le marché de Barbès dans la Région parisienne ou le petit marché de village, nous sommes tous mis à la même enseigne. Et c’est ça le problème, nous ne vendons pas les mêmes choses, nous n’avons pas les mêmes circuits. »

Les supermarchés d’abord

Le Premier ministre a annoncé, lundi 23 mars, la fermeture des marchés, sauf pour les communes qui en font la demande.

« D’un point de vue sanitaire, je ne comprends pas, poursuit l’éleveur, en quoi un supermarché est moins dangereux qu’un marché ouvert. C’est pire ! Avant même que des règles strictes nous aient été imposées, nous avions nous-mêmes mis en place un protocole pour assurer la sécurité sanitaire des clients, comme des exposants. »

 

Alors qu’il assure la transformation sur son exploitation, Paul-Emmanuel Boulai vend de la viande et de la charcuterie sur les marchés de Vendôme et d’Azé, ainsi que dans sa boutique à la ferme. Et, malgré les premières annonces, il s’en sort finalement bien.

 

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Sans dérogation, le marché se maintient

Parce qu’il dispose de supermarchés, le marché de Vendôme devait en effet être fermé. Mais un marché sur les trois sera finalement maintenu (et déplacé). Quant à celui d’Azé, « il reste ouvert, sans dérogation, explique la maire, Maryvonne Boulay. J’avais fait la demande d’une dérogation, mais le préfet a répondu que dans notre cas, nous n’en avions pas besoin, parce qu’il n’y avait que trois producteurs ».

 

La situation de Paul-Emmanuel Boulai est cependant loin d’être celle de tous ses collègues. Alors quand il vend ses produits sur sa ferme, dans son camion de marché placé au milieu de la cour, plutôt que dans sa boutique « pour éviter que les clients ne se croisent », il pose systématiquement une affiche sur son véhicule avec leurs noms et les productions disponibles.

 

Dans le Loir-et-Cher, trente maires ont saisi le préfet d’une demande de dérogation. Douze ont obtenu satisfaction le mercredi 25 mars 2020. Le lendemain, ils étaient six de plus dont celui de Vendôme.

 

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