Après la réforme de la Pac en 1992, Olivier Gogue opte pour l’irrigation et diversifie ses cultures. Implanté à Méréglise, au sud-ouest de Chartres (Eure-et-Loir), il cultive du blé (150 ha), de l’orge (30 ha), du maïs (30 ha), du colza (65 ha), mais également du triticale, du seigle et du blé en contrat de semence (35 ha), des porte-graines potagères (35 ha de betterave, carotte, oignon, chicorée) et des plans de pommes de terre (10 ha).

Optimiser les lieux

Pour stocker cette diversité de récoltes, il a choisi le stockage à plat sur une dalle en béton dans un bâtiment. La première raison est un gain de place. « Quand vous avez une cellule, qu’elle soit pleine ou vide, elle prend toujours le même espace. Le stockage à plat permet d’optimiser les lieux. Lorsqu’il n’y a plus de grains, je stocke des big-bags d’engrais, je range les engins… et la reprise est facilitée », indique l’agriculteur.

Dans les années quatre-vingt-dix, il commence par faire un tas de céréales mais s’aperçoit vite qu’il y a des problèmes d’insectes. Il met en place un traitement insecticide sur la moissonneuse-batteuse. Ensuite, il décide d’installer un système de ventilation (société Les Mergers) sous le tas de grains. L’air est projeté par un ventilateur positionné à l’extérieur du bâtiment, et irrigue des caniveaux. Les tas de grains de plus de 3 m de haut sont ventilés la nuit à la moisson, puis début octobre pour arriver vers 10 à 15 °C. Il est possible de réaliser une troisième ventilation de refroidissement au cours de l’hiver pour des ventes qui s’effectuent en mars-avril. Cette solution le satisfait pleinement. Fini le traitement insecticide. La maintenance est simple, un coup de souffleuse à la fin de la saison, et la durabilité performante : depuis vingt-cinq ans, aucun caniveau n’a été changé.

Olivier opte pour la même technique afin de diminuer le taux d’humidité des porte-graines, à raison de 300 m3/m3 stocké, avec des caniveaux espacés de 70 cm. « Les graines ne passent pas dans une vis, cela évite de les casser et maintient un bon taux de germination. »

Une liberté appréciable

Au fur et à mesure du temps, l’agriculteur monte trois bâtiments sur deux sites différents, un quatrième est en construction. Au total, il dispose de 3 000 t de capacité de stockage, dont 2 200 t à plat, ce qui lui offre une grande liberté dans la commercialisation.

Cette année, il a consacré 7 cases au blé tendre et au blé dur. Il a ainsi séparé ses céréales selon quatre variétés et en fonction de la qualité. « J’ai commencé à récolter avec un PS (poids spécifique) de 78 avant la pluie. Quand j’ai repris, il n’était que de 71. J’ai séparé les récoltes. J’avais engagé 30 % sur le marché à terme, à 185 €/t. J’ai donc eu une décote de 25 €/t sur la qualité. Cependant, aujourd’hui, avec le marché qui s’emballe à plus de 280 €/t, il me reste environ 45 % de marchandise à vendre, que de la très bonne qualité. » Pour le colza, il a gardé une seule case, avec quatre variétés différentes.

Le céréalier vend à différents acheteurs : meuniers, courtage en ligne, coopérative ou négoce… Il estime que grâce à son stockage il gagne 10 à 15 €/t par rapport à un OS. « Le stockage me permet de vendre plus cher à l’instant T. Il me donne le potentiel de vendre quand je le souhaite, à qui je veux. C’est une liberté très appréciable », ajoute le gérant de l’EARL de Tansonville.

En plus de la rémunération des céréales, Olivier vend sa production électrique. Tous ses bâtiments sont équipés en panneaux photovoltaïques, avec des tarifs qui s’échelonnent de 60 à 10 centimes d’euro par kWhc.

Aude Richard