Débouchés
Distillées ou séchées
Les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) peuvent être distillées en huiles essentielles ou encore séchées pour l’herboristerie. « Afin de bien les valoriser, mieux vaut prendre en charge cette première transformation, que ce soit à la ferme ou en prestation », conseille Pierre-Yves Mathonnet, consultant spécialisé en PPAM. Une fois transformées, ces plantes peuvent être stockées, ce qui est parfois nécessaire pour vendre au meilleur prix. « Les marchés fluctuent beaucoup d’une année sur l’autre », note-t-il.
En conventionnel et en bio
« Dans cette filière, on a le choix de s’appuyer sur une coopérative pour vendre ou trouver soi-même des débouchés. Il y a de gros acheteurs qui cherchent des volumes avec des prix compétitifs, mais aussi des acheteurs plus petits positionnés sur des niches », explique Pierre-Yves Mathonnet. Quel que soit leur volume d’activité, ils restent exigeants sur la qualité de la récolte. « Il y a de la place en conventionnel et en bio, qui ne représente pour l’instant que 20 % des échanges mais progresse. »
Choix des espèces
150 plantes différentes
La gamme cultivable, très large, comprend des plantes annuelles, bisannuelles, semi-pérennes ou pérennes. Le choix des espèces doit tenir compte du sol et du climat, de même que des débouchés régionaux. « En Occitanie par exemple, il y a des acheteurs souhaitant relocaliser une partie de leur approvisionnement en bio, qui sont prêts pour certains à signer des contrats », observe Jacky Riquet, de la chambre régionale d’agriculture. La possibilité d’irriguer au goutte-à-goutte sur le rang élargit le choix des espèces. Mieux vaut se faire conseiller afin de choisir des valeurs sûres bien adaptées à l’exploitation, et s’appuyer sur des références technico-économiques locales pour évaluer la rentabilité. « D’une région à l’autre, le rendement ou la durée de vie des plantations peuvent différer. »
Des cycles pluriannuels
Beaucoup d’espèces sont semi-pérennes. Le thym et la lavande n’atteignent leur plein rendement que la quatrième année après plantation. « Il faut investir durant trois ans avant de commencer à dégager une marge », souligne Jacky Riquet. Au bout de quatre, cinq ou six ans de pleine production, le rendement fléchit. Il est alors indispensable d’arracher la plantation et replanter sur une autre parcelle, en pratiquant une rotation avec des céréales ou des prairies.
Travail
Bien contrôler l’enherbement
La maîtrise du désherbage est essentielle pour obtenir rendement et qualité. « En bio, c’est un challenge ! Le désherbage mécanique ne suffit pas, il faut aussi intervenir à la main », relève Jacky Riquet. Pour le thym, il compte 80 heures/ha de désherbage manuel la première année, le temps que les plants couvrent bien le rang, puis 40 heures/ha les suivantes.
Agrandir les surfaces par étapes
« Mieux vaut démarrer avec au moins deux espèces pour partager les risques, et sur 2 ou 3 ha seulement afin d’avoir le temps de se faire la main », recommande Jacky Riquet. En fonction des espèces, la plantation coûte entre 3 000 et 8 000 €/ha, avec des aides dans certaines régions. Pour le matériel de culture et de séchage, comptez autour de 40 000 € et prévoyez au moins 10 ha pour l’amortir. Une distillerie revient à plus de 150 000 €. « S’il n’y en a pas à proximité, raisonnez l’investissement à plusieurs car il faut au moins 150 ha pour l’amortir », précise Pierre-Yves Mathonnet. Entre les cultures, la première transformation et la vente, les temps de travaux ne doivent pas être sous-estimés. « Avec 15 ha en bio ou 30 ha en conventionnel, on est proche d’un temps plein. »
Frédérique Ehrhard