Le bilan de ses dix premières années d’existence est plutôt satisfaisant pour le label Agri-Éthique : avec un chiffre d’affaires de près de 460 millions d’euros en 2022, soit 61 % du chiffre d’affaires global du commerce équitable en France, il est aujourd’hui le premier label de commerce équitable français.

1700 exploitations

Une réussite qui peut notamment s’expliquer par son modèle : basé sur une contractualisation pluriannuelle bi-, tri- ou quadripartite, il permet aux partenaires d’une filière de s’engager autour d’un prix et d’un volume et de s’affranchir de la volatilité des prix du marché.

Céréales, viandes, œufs, produits laitiers, fruits et légumes… Le label Agri-Éthique compte près de 600 références disponibles en France dans les principaux circuits de distribution, au travers de 43 marques partenaires dont 16 en agriculture biologique. Près de 1700 exploitations agricoles sont actuellement engagées dans la démarche en France.

Réadapter le modèle

« Néanmoins, la situation en Ukraine est venue stresser notre modèle, a indiqué Ludovic Brindejonc, directeur d’Agri-Éthique, lors d’une conférence de presse le 26 septembre 2023. Nous craignions un désengagement des collectifs d’agriculteurs au vu de l’envolée des prix du marché, plus attractifs que les nôtres. Nous avons donc fait un gros travail de sensibilisation, et aussi réadapté notre modèle, notamment sur le blé : d’un prix fixe, nous sommes passés à un prix annualisé, base coûts de production », a-t-il ajouté. Ce travail semble avoir payé puisque le développement du label s’est poursuivi en 2022 et 2023 avec l’apparition de nouvelles filières, comme Blini, Préfou ou encore le yaourt équitable avec « J’achète fermier ».

Renforcer le volet transition

Fort de ce bilan positif, Agri-Éthique entend poursuivre son développement au travers de trois grands objectifs :

  • Devenir une société à mission (1), objectif finalement déjà atteint en 2023, pour « formaliser nos objectifs et mieux se faire connaître ». Il s’agira aussi pour la structure de se faire « challenger et de s’assurer qu’on garde bien le cap », au travers de la création d’un comité à mission indépendant ;
  • Accréditer le programme Agri-Éthique, opération qui consiste au contrôle de l’organisme certificateur d’Agri-Éthique lui-même par un organisme tiers : « Cela permettra de bien séparer le métier d’accompagnateur de filières, qui est le nôtre, de celui de certificateur », précise le directeur ;
  • Renforcer le volet transition de la démarche. Pour cela, Agri-Éthique a engagé un partenariat avec l’organisation « Pour une agriculture du vivant » (PADV). À l’aide de l’indice de régénération, l’outil développé par PADV, Agri-Éthique compte accompagner les agriculteurs dans un « plan de progrès », en relation avec leur conseiller.

(1) La loi du 22 mai 2019 relative à la croissance et la transformation des entreprises (loi Pacte) a introduit la qualité de société à mission. Il s’agit pour une entreprise d’affirmer publiquement sa raison d’être, ainsi qu’un ou plusieurs objectifs sociaux et environnementaux qu’elle se donne pour mission de poursuivre dans le cadre de son activité.