Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a réuni le vendredi 27 janvier 2023 les syndicats et organisations professionnelles agricoles afin de faire un état des lieux du déploiement des chantiers d’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques. Il s’agit de la thématique 2 du Varenne de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, qui comporte au total trois axes.
Plans d'adaptation des filières
"Le ministre a voulu ressonner la mobilisation générale. D’une part, parce que la période estivale approche et parce que le contexte climatique semble vraiment moins favorable que l’hiver 2021-2022. En effet, 2022 a été la deuxième année la plus chaude jamais enregistrée par Météo-France depuis 1900. Il y a eu un déficit pluviométrique de 25 % avec la deuxième plus longue période de sécheresse des sols, notamment entre juillet et août ainsi qu'un déficit des recharges des nappes", informe-t-on au ministère.
Au cours de cette réunion, un état d’avancement des plans d’adaptation de chaque filière a été fait avec FranceAgriMer. En février 2022, les filières s’étaient en effet toutes engagées à rendre sous un an leurs plans. "On constate qu’elles se sont toutes engagées dans une feuille de route. Mais certaines, comme Interbev, sont plus avancées et ont terminé l’exercice. D’autres comme la filière de la volaille avaient un peu de retard avant l’automne. Mais nous pensons qu’au moment du Salon International de l'agriculture, il y aura tout de même des choses intéressantes à présenter", considère le ministère de l'Agriculture.
Productions résilientes
Une mission spécifique de l’inspection agricole qui s’appelle "productions résilientes" a été lancée ce vendredi. Elle va permettre sur les six premiers mois de 2023 d’apporter un appui aux filières qui seraient les plus en difficulté pour sortir des plans opérationnels. Ce que le ministre veut déclencher, c’est l’engagement de nouveaux territoires dans de nouvelles filières. Il y a en effet une migration des conditions optimales de certaines cultures vers le nord.
Au cours de cette réunion, il y a eu aussi une présentation des plans d’adaptation régionaux des chambres d’agriculture. Au nombre de 13, ils sont désormais prêts. C’est une prospective de ce que sera le climat à l'échéance de 2050 et des leviers à mettre en œuvre pour modifier les pratiques. À ce titre, a été présentée la matrice des instituts techniques, qui comporte une centaine de leviers d’adaptation au changement climatique identifiés.
250 établissements d'enseignement agricole
Le ministère explique : "Tout l’enjeu est d’aller dans les cours de ferme pour adapter le conseil à l'exploitation." Le ministre a ainsi annoncé le déploiement, avec financement du Casdar (compte d’affectation spéciale pour le développement agricole et rural), d’un programme de massification du conseil d’adaptation au changement climatique dans les fermes. En 2022 avait déjà été financée la formation de 900 conseillers sur les outils de diagnostic qui couvrent toutes les méthodes d’accompagnement. 1200 diagnostics carbone avaient aussi été réalisés dans le cadre de France Relance.
Aujourd’hui, le but est d'aller dans chaque ferme afin d'atteindre 10 000 agriculteurs par an sur trois ans sur l’adaptation au changement climatique. L'objectif est aussi de passer à 1600 conseillers formés et d'engager 250 établissements d’enseignement agricole. Le financement pour 2023 est encore en cours d’instruction par les services du ministère de l’Agriculture, mais une enveloppe de l’ordre de 6 millions d’euros sera déployée pour ce projet.
Et de conclure, "Il n’y a pas de modèle unique et le plus difficile sera de porter cette centaine d’outils et toutes ces démarches de conseil au cas par cas dans les exploitations." Il y aura notamment un travail à réaliser au sujet de l’installation des jeunes, avec des diagnostics spécifiques afin qu’ils aient en tête quel sera le climat du futur et ainsi prendre des décisions en état de conscience sur les orientations de filière et de production.