Le mardi 10 janvier 2023 a eu lieu, au Sénat, un débat sur la gestion de l'eau à la demande du groupe Les Républicains. Différents groupes politiques ont présenté leur point de vue sur ce thème dans le cadre d'une séquence de questions-réponses avec le Gouvernement, en présence de Bérangère Couillard, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires chargée de l'Écologie.

Catherine Belrhiti (Moselle) a rappelé avoir mené avec d’autres collègues les travaux de la délégation sénatorial à la prospective dont le rapport sur la quantité et la qualité de l’eau d’ici à 2050 est paru le 24 novembre 2022 sous le titre « Éviter le panne sèche : huit questions sur l'avenir de l'eau  ».

Un plan présenté le 26 janvier

Bérangère Couillard a confirmé que "le contexte de raréfaction de la ressource amène à traiter la bonne gestion de l’eau avec une plus grande importance pour anticiper collectivement les effets du changement climatique sur cette ressource".

"C’est tout l’objet du chantier eau que nous avons lancé et qui aboutira à un « plan eau collectif ». Son contenu sera dévoilé le 26 janvier prochain lors du carrefour des gestions locales de l’eau. Il sera notamment question de sobriété des usages et de la gouvernance sur le partage de l’eau. C’est un travail de concertation qui a été mené avec l’ensemble des acteurs et il y aura des annonces ambitieuses", a-t-elle spécifié.

Préférer le bon sens aux dogmes

Plusieurs sénateurs du groupe Les Républicains dont Cédric Vial (Savoie) et Laurent Duplomb (Haute-Loire) ont questionné la ministre sur l’accès à l’eau pour les agriculteurs.

"Nous aurons toujours autant d’eau mais souvent pas assez quand nous en aurons besoin et parfois beaucoup trop avec des risques plus importants de crues, a ainsi rappelé le premier. Bref, nous aurons de l’eau si nous savons la gérer !"

"Pouvez-vous me dire Madame la ministre, pourquoi il est vertueux et écologiquement remarquable pour un particulier de stocker de l’eau de pluie dans une citerne pour s’en resservir quand il en a besoin, et pourquoi il n’est pas vertueux de faire exactement la même chose quand il s’agit de retenues collinaires à des fins agricoles, touristiques ou industrielles? Je vous invite à préférer le bon sens aux dogmes et aux discours militants, et à mettre le travail scientifique au-dessus des idéologies", a continué Cédric Vial.

Ne pas sanctuariser l'eau

Quant à Laurent Duplomb, il a estimé que "malgré de nombreux rapports alertant sur la perte de notre souveraineté alimentaire, et notre dépendance de plus en plus grande aux importations de produits alimentaires, vecteur de plus en plus d’émissions de carbone, le gouvernement s’obstine à vouloir à tout prix sanctuariser la ressource en eau, allant même à faire croire que l’eau serait une ressource épuisable et non renouvelable."

"Comme si en ne l’utilisant pas et en refusant de la stocker, cela permettrait de mieux se prémunir des manques à venir. Contraindre par la peur, la culpabilité et l’interdit — en un mot par dogme — les usages de l’eau à seulement l’alimentation humaine d’eau potable, et la sanctuariser pour les milieux naturels est totalement fallacieux et surtout très dangereux. À ne plus vouloir autoriser, ou à tellement réglementer que son utilisation deviendrait impossible pour l’agriculture et donc l’alimentation des hommes, est suicidaire !" a-t-il jugé.

Exemple de Sainte-Soline

"Les agriculteurs et les industriels peuvent être plus performants, de nombreuses solutions existent et le plan que nous proposerons viendra accélérer leur mise en œuvre par des moyens financiers, des simplifications réglementaires. Je pense notamment à la réutilisation des eaux usées traitées", a souligné la ministre.

"Toutes les solutions d’économies d’eau, mais également la manière de parvenir à des usages plus efficaces de l’eau doivent être étudiées, a insisté Bérangère Couillard. Concernant plus spécifiquement la question des retenues collinaires, il n’est pas question de les généraliser en France. Mais chaque projet qui respectera les critères exigeants que nous fixons, je pense notamment à Sainte-Soline comme au projet du bassin de Clain, pourra être validé."

Elle a par ailleurs rappelé que le gouvernement condamne fermement les actes de violence et de dégradations qui ont eu lieu à Sainte-Soline. "Les 16 retenues d'eau destinées à l'irrigation agricole dans ce bassin, notamment à Sainte-Soline, constituent une réponse adaptée aux enjeux du territoire dans l'objectif d'atteindre une gestion durable et équilibrée de la ressource en eau. Le projet a été validé et il est bien question qu'il soit mis en œuvre !", a appuyé cette dernière.

Le stockage hivernal n'est pas l'unique solution

"Le stockage hivernal, lorsque les expertises techniques le jugent soutenable pour les milieux, qu’il s’inscrit dans un projet territorial largement concerté favorable à la transition environnementale, qu’il est par exemple conditionné à un usage plus sobre de l’eau, et lorsqu’il participe d’un meilleur partage de la ressource, ne doit pas être écarté. Ce n’est pas l’unique solution et sur beaucoup de territoires elle ne sera techniquement pas possible. Mais les réserves de substitution font partie du panel de solutions à mobiliser", a enfin considéré la secrétaire d'État.