Une image acquise par des capteurs (caméras) alimente un logiciel. Les algorithmes de ce dernier la triturent pour n’en garder que l’essentiel : la localisation des adventices, géoréférencées sur une carte de la parcelle. La carte est transmise à un petit robot à guidage automatique (GPS + RTK). Celui-ci se déplace vers la zone à risques. Muni d’une caméra et d’un logiciel d’analyse d’image, il adapte son action à la situation : binage, anti-dicot, ou anti-graminée, en localisé. Tel est un schéma de fonctionnement du désherbage du futur pour les férus d’agriculture de précision. Il couple surveillance par proxidétection et action localisée.

Qu’attendre des outils de détection dans l’état actuel de leur développement ? Sur les critères spatiaux, ils sont plus performants pour des cultures à inter-rangs larges que pour des céréales à pailles.

Plus aisé en cultures sarclées

Dans ces dernières, à partir du stade tallage, la localisation du rang est inopérante car le recouvrement du sol par la végétation devient trop important (voir ci-dessous). Et sans localisation du rang, pas de détection possible des adventices dans l’inter-rangs !

Les difficultés sont moindres en cultures sarclées : le robot Ecorobotix réalise un désherbage efficace à 95 % en betteraves sucrières (1), et les ailes volantes d’Airinov, qui volent à 50 m, repèrent les amas d’adventices dès qu’ils couvrent plus de 6 cm de large.

En prenant des photos à 3 m de distance du sol, une équipe de l’Inra de Dijon, en partenariat avec Airinov, a abaissé à 6 mm la résolution de détection. Avec cette précision, une adventice isolée ne passerait pas dans les mailles du filet, mais reste à trouver les outils aériens permettant de bénéficier de cette résolution à grande échelle. À l’heure actuelle, leur autonomie et/ou leur mémoire fait défaut.

Pour détecter des adventices sur le rang, l’affaire se corse. Les robots doivent apprendre couleur, forme, et/ou position potentielle des adventices (entre des plantules ayant un écartement fixe sur le rang). « Nous développons des algorithmes pour différencier les plantules de culture de ceux d’adventices sur des critères de forme », explique Christelle Gée, professeure en agroéquipements à AgroSup Dijon. Et il faut parfois écarter les pièges : « Aux stades jeunes, le haricot et le datura se ressemblent beaucoup », illustre-t-elle.

En plus de ces travaux, les améliorations de la précision des capteurs, des capacités de stockage ainsi que de l’autonomie des engins volants laissent tout de même espérer l’arrivée d’un service de localisation des adventices dans quelques années. Il établirait, par exemple, des cartes de risques, utiles pour des désherbages de rattrapage.

(1) Lire La France agricole n° 3649 du 24 juin 2016, p. 48.