« L’idée est de mesurer la façon dont le couvert lève, le reliquat de biomasse, mais aussi l’intérêt économique potentiel global de ce genre de pratique », souligne Stéphane Ballas, responsable du pôle innovation et systèmes de production à la chambre d’agriculture du Gers. La structure gasconne teste en effet le semis aérien de cultures intermédiaires. Avec ces particularités : le semis est effectué par un drone et avant la moisson du maïs. « L’objectif, c’est que le couvert soit le plus développé possible avant le début de l’hiver pour limiter l’érosion et la pollution des eaux par les nitrates », témoigne le responsable de pôle.
L’essai, qui s’inscrit dans le cadre du Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) du Midour, est d’ailleurs financé par l’Agence de l’eau. Stéphane Ballas argumente : « le couvert apporte aussi de la matière organique, qui permet de remonter des taux qui sont assez faibles ici et d’augmenter la réserve utile du sol. En ne passant pas un nouvel engin dans les champs après la moisson, on évite aussi le tassement. Et l’agriculteur est moins pressé après la récolte. » Lilian Marolleau, co-gérant d’Agrodrone, la société associée à cet essai, assure : « C’est aussi plus de deux fois plus rapide qu’avec un tracteur, pour un coût de 40 à 60 € l’hectare ». Ce à quoi il faut ajouter le prix des semences, de 50 à 80 € par hectare.
Des problématiques à résoudre
Concrètement, dans des champs de maïs consommation irrigués de Guillaume Farthouat, à Urgosse, cinq types couverts sont testés, des mélanges contenant deux à trois cultures telles que le radis, la vesce, la moutarde, le trèfle, l’avoine, la phacélie… Chacun est semé à la volée sur 1 320 m2, le 15 septembre, soit environ un mois et demi avant la moisson. « Pour comparer, nous semons les mêmes mélanges par drone et aussi de façon traditionnelle, reprend Stéphane Ballas. Dans les deux cas, nous utilisons les mêmes densités, celles recommandées par le semencier Barenbrug (partenaire du test), soit 15 à 25 kg par hectare ». Pour l’expérimentation en drone, cette densité est réalisée en deux passages, pour plus d’efficacité.
Si cet essai est une première pour la chambre d’agriculture du Gers, il intègre les connaissances accumulées ailleurs. « Il y a des réussites, notamment en maïs-semences. Mais il y a aussi plusieurs problématiques. Pour faire face au manque de luminosité, on épand donc, ici, relativement tard, au début de la sénescence du maïs. Et ce sont des espèces qui tolèrent peu de luminosité », indique Stéphane Ballas. Il ajoute : « face à la rémanence de certains herbicides, qui pouvaient avoir des conséquences notamment sur les trèfles, on ne fait pas de rattrapage ». Enfin, « l’idéal est de pouvoir profiter d’un tour d’eau juste après avoir semé, ce qui permet un meilleur contact entre la graine et le sol. Ça ne sera pas le cas pour nous, car nous sommes en période sensible. »