La dinde va mal. D’après le service de la statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste), en cumul de janvier à septembre 2022, les abattages français s’établissaient à 178 600 tonnes équivalent carcasse (tec), en chute de 18,5 % par rapport à la même période en 2021. « Les fortes baisses constatées ces cinq derniers mois sont la conséquence directe de la crise influenza dans les Pays de la Loire, incluant les abattages préventifs, indique le Comité interprofessionnel de la dinde française (Cidef). La reprise de la crise ne va pas améliorer la situation. »

Consommation en berne
Les mises en place hebdomadaires de dindonneaux sont aussi le reflet de ces difficultés. En octobre 2022, elles étaient en repli de 3,9 % sur un an. Le même mois, les stocks de viande s’effondraient de 64 % par rapport à octobre 2021. « Les baisses de mises en place et d’abattage associées à la situation influenza ont eu un impact direct sur les niveaux de stocks qui sont au plus bas », analyse le Cidef. Pour l’ensemble de l’année 2022, l’Institut technique de l’aviculture (Itavi) prévoit des abattages de dindes inférieurs d’environ 18 % à leur niveau de 2021.

Ce fort recul de l’offre a logiquement un impact négatif sur la consommation. De janvier à septembre 2022, les achats de viande de dinde par les ménages ont reculé de 16 % en volume par rapport à la même période en 2021. En prenant en compte le secteur de la restauration hors domicile (RHD), le repli de la consommation atteint 18 %. « L’effet Covid en grandes et moyennes surfaces s’est tari et le manque de consommation en RHD limite les débouchés de viande », explique le Cidef. Sur le même pas de temps, les prix ont progressé de 9 %, en lien, notamment, avec la hausse des coûts de production.
Exportations stables
S’agissant du commerce extérieur, les exportations françaises de viande de dinde sont stables sur les neuf premiers mois de 2022 : + 0,5 % en volume par rapport à la même période en 2021, selon l’Itavi. Les envois vers l’Union européenne progressent de 13 % en volume. D’après le Cidef, la valeur moyenne de la tonne exportée chez nos partenaires européens atteint 2 914 € en septembre 2022, en hausse de 564 € à date par rapport à 2021. A contrario, le commerce vers les pays tiers chute de 23 % en volume.
Du côté des importations, les volumes progressent de 6 % en cumul de janvier à septembre 2022, par rapport à 2021. Les tonnages achetés auprès de la Pologne bondissent notamment de 40 %. La valeur moyenne des approvisionnements français s’envole de 30 %. D’après le Cidef, le prix moyen de la tonne importée atteignait 4 165 € en septembre 2022, soit 842 € en plus par rapport à l’année précédente. Selon les données d’Agreste, le solde du commerce extérieur français de viande de dinde est excédentaire de 4 000 tec en cumul de janvier à septembre 2022.