Les Européens avaient décidé en mai 2022 de suspendre pendant un an tous les droits de douane sur les importations ukrainiennes dans l'Union européenne afin de soutenir l’activité économique du pays face à l’invasion menée par la Russie. La décision de prolonger cette exemption a été adoptée « à l’unanimité » par les ambassadeurs des États membres de l’Union européenne à Bruxelles le vendredi 28 avril 2023.
Des tensions à l’Est
Les eurodéputés doivent encore donner leur aval en séance plénière pour permettre l’entrée en vigueur de cette disposition, a-t-on précisé de source européenne. Mais cet accord est brouillé par la récente décision de la Pologne d’interdire les importations de céréales ukrainiennes, accusées de déstabiliser le marché agricole national. Le transit des céréales et autres produits agricoles, en provenance de l’Ukraine, par la Pologne, avait été suspendu pendant presque une semaine, avant d’officiellement reprendre le 21 avril. Les exportateurs ukrainiens ne peuvent cependant pas vendre ces produits sur le marché polonais.
Plusieurs autres pays de l’Union européenne, frontaliers de l’Ukraine — Hongrie, Slovaquie et Bulgarie — lui ont emboîté le pas, imposant des interdictions provisoires sur les céréales et autres produits agricoles importés d’Ukraine. Cette position est jugée « inacceptable » par la Commission européenne, responsable de la politique commerciale du bloc. « Les contacts se poursuivent » à ce sujet, a assuré vendredi la Commission. « Affaire à suivre », a laconiquement déclaré le porte-parole de l’exécutif européen.
100 millions d’euros pour soutenir les agriculteurs d’Europe de l’Est
Outre la suspension des droits de douane, l’Union européenne s’était organisée pour permettre à Kiev d’exporter ses stocks de céréales après la fermeture des voies maritimes par la mer Noire provoquée par l’invasion russe en février 2022. Mais au lieu d’un simple transit, les États européens voisins ont vu s’accumuler sur leur sol maïs, blé ou tournesol d’Ukraine en raison de problèmes logistiques, provoquant la saturation des silos et faisant chuter les prix locaux — ce qui a conduit à des manifestations d’agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l’Agriculture.
La Commission européenne a promis le 19 avril une aide supplémentaire de 100 millions d’euros pour soutenir les exploitants agricoles d’Europe de l’Est les plus affectés par la chute des cours des céréales en lien avec la guerre en Ukraine. Ce montant vient compléter une première enveloppe de 56,3 millions d’euros octroyée à la fin de mars, des fonds tirés de la réserve de crise de la politique agricole commune (Pac).