La première labellisation d'un projet en grandes cultures sous le label bas carbone a été obtenue le 9 janvier 2023 par la start-up Carbone farmers. La labellisation, délivrée par la Dreal (1) du Grand Est, porte sur une exploitation de près de 340 hectares située à Val-des-Marais, dans la Marne, dont l’exploitant, Bertrand Ravillion, a prévu de mettre en œuvre plusieurs pratiques agricoles destinées à réduire ses émissions et à stocker du carbone dans ses sols.

Au total, près de 1 600 tonnes-équivalent CO2 seront évitées ou stockées, permettant de générer autant de crédits carbone sur une période de cinq ans. L'exploitant recevra "d'ici à quelques jours un premier versement de 35,25 € par crédit carbone pour cette première année", informe le mandataire.

11 leviers à mettre en place

Bertrand Ravillion travaille sur le projet avec Carbon Farmers depuis plus d'un an. Pour améliorer le stockage de carbone dans ses sols, il a sélectionné 11 leviers d'action (dont certains sont déjà mis en place) parmi les 18 possibles.

  • Réduction de la fertilisation azotée, via l'introduction de légumineuses (pois de printemps et d'hiver en culture principale, mélange de féverole, vesce et pois fourrager en culture intermédiaire);
  • Apport de matières organiques amendantes tel le compost de déchets verts (via la plate-forme Sede);
  • Restitution des résidus de cultures, soit ne pas exporter les pailles à destination de l’élevage pour augmenter la biomasse au sol. Ses sols superficiels limono-calcaires soumis à l'érosion et la forte présence de campagnols ne demandent qu'un faible travail du sol.

150 €/ha pour cinq ans

L'exploitant va être rémunéré 150 euros par hectare pour les 5 ans, soit 30 €/ha/an. Il touchera 12 % par an (soit 60 %), et le solde (40 %) est perçu à la certification. L'engagement du contrat, que Bertrand Ravillion précise ne pas encore avoir signé, est de 10 ans. "Cela ne couvre pas l'investissement de 100 euros par hectare au minimum par an", lance-t-il. Et de regretter : "Ce n'est pas cette rémunération qui stabilise l'économie de l'exploitation et qui va inciter beaucoup de monde à se lancer." Mais c'est une démarche à envisager sur le long terme.

Le Groupe La Poste accompagne le projet en investissant dès cette année. "Elle ne s'est pas engagée à acquérir l'intégralité des crédits, la discussion reste ouverte pour cette année et les années à venir", informe Carbon Farmers. Le prix unitaire par crédit se situe au-dessus de 45 €/t, le mandataire en touchant une partie.

(1) Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.