"La "fécule" reste le point le plus difficile pour nous cette année", a expliqué Bertrand Ouillon, délégué général du GIPT (Groupement interprofessionnel pour la valorisation de la pomme de terre) à La France Agricole, faisant suite à son assemblée générale qui a eu lieu le vendredi 9 décembre 2022.

Prix réévalués

Déjà l’an dernier, l’interprofession avait alerté sur le problème de rentabilité de cette filière, avec notamment des producteurs qui partaient. "Le secteur est très organisé en France avec seulement deux industriels, deux coopératives d’approvisionnement et des producteurs tenus statutairement", explique-t-il.

Malgré tout, Tereos et Roquette ont été en mesure de faire des annonces assez fortes en juillet pour réévaluer le prix de la pomme de terre féculière. Le prix de base a ainsi augmenté en moyenne de 20-25% passant de 60 €/t à 80-85 €/t. Toutefois en un an, il n’y a toujours pas de différentiel par rapport aux amidons de blé et de maïs, alors qu’il s’agit d’un amidon premium.

Production en baisse

En outre, il y a eu de nouveau une sécheresse en 2022 avec des rendements descendus sous les 40 t/ha. Et la campagne va se terminer de manière historique avant le 1er janvier 2022, alors qu’en général cela arrive au pire en janvier, voire plutôt en février ou mars. "Entre baisse des surfaces (passées de 23 000 à 20 000 ha) et des rendements, on ne devrait même pas atteindre les 800 000 tonnes de pommes de terre féculières alors qu’auparavant on était plutôt entre 1 à 1,3 million de tonnes. Cela représente un point très bas pour les usines."

"Depuis plus d’un an, le GIPT avec l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre) et la CSF (Chambre syndicale professionnelle nationale de la féculerie de pommes de terre) ne cessent d’alerter les pouvoirs publics sur cet état de fait, souligne Arnaud Delacour le président du GIPT. Malgré quelques avancées, nous n’avons malheureusement, jusqu’à aujourd’hui, pas été entendus sur la nécessité d’une annonce forte au secteur agricole. Nous demandons toujours une aide couplée exceptionnelle pour maintenir nos deux usines, nos capacités de production et un équilibre entre les différents débouchés en pommes de terre."

Dénonciation des contrats

Pour rendre attractif le contrat pour les producteurs, l’aide demandée est de 500 €/ha, soit une enveloppe autour de 20 millions d'euros. À ce jour et sans réponse du ministère, la dénonciation des contrats demeure toujours forte et pour 2023, les surfaces devraient être entre 17 000 et 18 000 hectares. "Or nous leur avons indiqué que sous 18 000 hectares,  les usines risquaient d’arrêter", rappelle Bertrand Ouillon.

Le GIPT constate malgré tout qu'il y a eu une écoute de la part du ministère avec notamment le maintien des capacités d’épandage des effluents d’usinedans le cadre de la prochaine directive nitrates ou encore avec la reconnaissance du caractère non attractif des pommes de terre vis-à-vis des pollinisateurs.