« Nous avons décidé de lancer un appel populaire pour l’interdiction de tous les pesticides », a annoncé ce matin Fabrice Nicolino, journaliste à Charlie Hebdo, en tant que président de l’association « Nous voulons des coquelicots ». Il souhaite que cet appel se transforme en un « téléthon anti-pesticides », via la mise en place d’une multitude d’événements de toutes les tailles, partout en France. L’appel s’applique uniquement aux produits de synthèse : le cuivre n’est par exemple pas concerné.
Matinale de France Inter, articles dans L’Obs et Le Monde, numéro spécial de Charlie Hebdo, apparitions sur les chaînes télé… La médiatisation de cet appel est importante. L’objectif est de rassembler cinq millions de Français en deux ans, et Fabrice Nicolino est optimiste sur sa diffusion à l’échelle européenne, voire mondiale.
En guise de soutien à l’appel, des coquelicots en tissus sous forme de badge (2 €) ou d’autocollants (1 €) sont vendus par l’association « pour que chacun puisse afficher fièrement son soutien ». Les initiateurs de cette opération appellent à une manifestation tous les premiers vendredis du mois à 18 heures sur la place des villes et des villages, avec un premier rendez-vous le 5 octobre.
« Cet appel n’est pas là pour aider les paysans, ni les condamner » assure Fabrice Nicolino. « Il est là pour montrer que la société ne veut plus des pesticides. Le discours de diminution de leur utilisation est tenu depuis des années, et rien ne bouge », a-t-il déclaré, dénonçant par la même occasion l’inefficacité des plans Ecophyto et le gaspillage de l’argent public qui les ont financés.
« Ce que nous voulons, c’est que le logiciel de l’agriculture change totalement », a confirmé François Veillerette, porte-parole de Générations Futures et coauteur, avec le journaliste, du livre-manifeste « Nous voulons des coquelicots » qui paraît ce mercredi.
À la suite de cet appel, les agriculteurs s’étonnent de cette campagne et s’organisent sur Twitter pour le dire… avec des fleurs, et montrer que les coquelicots sont largement présents dans leurs champs.
Pour l’UIPP, une communication anxiogène
De son côté, L’UIPP (1) « regrette la communication délibérément anxiogène sur les produits de protection des cultures incarnée par le livre ».
« Les produits de protection des plantes permettent de protéger les 30 millions d’hectares français de cultures contre près de 10 000 agresseurs naturels (champignons, insectes ravageurs ou maladies) et d’éviter la perte de 30 à 40 % des récoltes », assure-t-elle.
Eugénia Pommaret, directrice de l’UIPP, appelle au dialogue tous les acteurs désireux de répondre aux besoins des agriculteurs comme aux questions légitimes des consommateurs.
Bayer a également réagi dans la foulée via un communiqué, en regrettant le ton « alarmiste » du livre et de la campagne associée. « Nous entendons les inquiétudes exprimées par les citoyens et nous nous engageons à y répondre, en valorisant toutes les démarches de progrès déjà mises en place par toute la filière pour limiter l’usage des produits phytosanitaires », explique la firme.
(1) Union des industries de la protection des plantes.