Les céréales à paille s’apprécient cette semaine et le colza se maintient à un niveau élevé. Le maïs, quant à lui, est plus stable.
Les prix du blé montent encore
La semaine a été marquée par une faible activité liée aux pauses de fin d’année. La Matif était fermé mercredi et jeudi. Il avait grimpé lundi et mardi et s’oriente de nouveau en hausse aujourd’hui à 189,00 €/t pour l’échéance de mars 2020 (vers 16h00). Il a donc gagné plus de 2 €/t par rapport au niveau de vendredi dernier. Le marché physique aussi s’est apprécié à 183 €/t rendu Rouen et La Pallice en base juillet (+1 et 2 €/t respectivement).
Les prix français ont de nouveau augmenté en lien avec les autres origines mondiales, notamment russe : le blé russe à 12,5 % de protéines vaut désormais 217,50 $/t (+2,50 $/t par rapport à la semaine dernière). Le rythme élevé d’exportation au départ de l’Union européenne vers la Chine, pour environ 800 000 tonnes, depuis la France surtout et les pays baltes dans une moindre mesure, a été un facteur de soutien important ces dernières semaines.
Les blés européens ont en effet profité des mésententes diplomatiques et commerciales entre la Chine, d’une part, les États-Unis, le Canada et l’Australie, d’autre part. On peut se demander toutefois si la situation restera aussi favorable à l’Union européenne pendant la seconde moitié de la campagne avec le début de résolution du différend entre Pékin et Washington.
En mer Noire, la poursuite de l’appréciation du rouble et la diminution des quantités disponibles font également augmenter les prix en dollar. La Russie vient de publier sa première estimation officielle de la récolte qui est légèrement inférieure à ce que l’on pouvait attendre : 74,3 millions de tonnes au lieu d’un niveau plus proche de 75 millions de tonnes. Il est à noter aussi pour la Russie une nette reprise des chargements vers la Turquie au départ de la mer d’Azov et des chargements aussi à destination de la Syrie.
Ces éléments poussent les prix russes vers le haut et cela se reporte sur la plupart des origines. En Argentine, la confirmation d’une taxe à 15 % sur les exportations de céréales est aussi venue rajouter sa touche haussière. Il en est de même du côté du Maroc qui a voté la suppression de sa taxe à l’importation pour les blés qui seront importés entre le 2 janvier et le 30 avril 2020. Cela était attendu mais vient bien entériner l’existence d’un besoin non négligeable restant à couvrir dans ce pays.
L’orge suit, le maïs reste stable
Alors que les prix de l’orge avaient diminué la semaine dernière, ils ont suivi le blé cette semaine et gagné 1,50 €/t à Rouen, à 162,00 €/t base juillet. Les prix des orges en mer Noire, quant à eux, sont restés stables et légèrement moins élevés que les valeurs françaises : 189 €/t pour les orges françaises Fob contre 184 €/t pour les orges russes. Les cotations ont grimpé aussi sur le segment brassicole de 1 €/t en hiver et de 2 €/t au printemps à 161 et 163 €/t respectivement pour les orges d’hiver et de printemps Fob Creil (base : juillet).
À l’opposé des autres céréales, le maïs voit son prix plutôt chuter cette semaine Fob Rhin, à 167 €/t en base juillet, (–1 €/t). La cotation Fob Bordeaux affiche, en ce qui la concerne, une hausse mais modeste (+1 €/t). Le marché du maïs européen est marqué par la perspective d’une nette progression des surfaces au printemps prochain dans l’Union européenne, et par l’importance des flux d’importation qui continuent d’arriver dans les ports du nord et du sud de l’Union européenne.
Le soja poursuit la hausse
Les cours du soja ont continué à grimper cette semaine, face à la bonne dynamique de demande pour l’origine américaine et à l’optimisme concernant les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. La signature de la phase 1 de l’accord récemment conclu entre les deux parties est prévue en janvier. Les prix de la fève de soja ont rebondi de 5 $/t, à 345 $/t, à Chicago depuis la semaine dernière.
Le ministère américain de l’Agriculture, l’USDA, a annoncé que 126 000 tonnes de soja américain avaient été achetées cette semaine par la Chine, en plus d’achats des Pays-Bas (155 000 tonnes) et de l’Arabie Saoudite (66 000 tonnes). De plus, le marché du soja a été animé par la publication des statistiques chinoises.
Sur le mois de novembre, la Chine a importé 2,56 millions de tonnes de soja américain, alors que l’année dernière aucun achat n’avait été effectué en novembre. Notons que ces achats de soja américain par la Chine cette année ont été permis par les quotas exemptés de droits de douane récemment accordés par le gouvernement chinois aux triturateurs et importateurs locaux.
Sans surprise, le gouvernement argentin a augmenté la taxe à l’exportation du soja de 30 % à 33 % cette semaine et cela a également exercé un effet haussier sur les cours mondiaux. Cependant, il fixe des taxes préférentielles pour les petits producteurs, notamment ceux situés dans les zones de production du pays les plus éloignées des ports. De plus, en cas de catastrophe climatique, la hausse de taxe pourrait être annulée au départ des régions concernées.
Sur le front de la production, l’optimisme reste de mise parmi les opérateurs : au Brésil, malgré quelques poches de sécheresse, rien ne vient remettre en cause pour l’instant une prévision de production record de 122 millions de tonnes de soja. En Argentine, les semis de soja progressent normalement et atteignent maintenant 70 % des intentions. Les conditions climatiques sont globalement favorables même si quelques zones montrent un déficit hydrique.
Le tourteau de soja suit la graine, le pois stable
Les prix des tourteaux de soja ont rebondi dans le sillage de la fève, mais de façon limitée. Sur une semaine, les cours américains gagnent 1 $/t à Chicago (à 330 $/t). Ils marquent aussi une petite hausse de 2 €/t, à 338 €/t à Montoir. Il n’y a pas de changement notable du côté du prix du pois fourrager départ Marne qui affiche toujours 205 €/t.
Stabilité du colza
Malgré la hausse des cours du pétrole, du soja et de l’huile de palme, les cours de colza français n’ont pas beaucoup évolué depuis la semaine dernière. Ils se consolident à un niveau relativement élevé. Ils reculent très légèrement à Rouen (–0,50 €/t, à 404,00 €/t) et sur Euronext (–0,75 €/t, à 409,00 €/t). En Fob Moselle, ils augmentent légèrement de 2 €/t, à 410 €/t.
Sur le marché londonien, les cours de l’or noir continuaient de se renchérir sur la semaine, pour atteindre 68 $ le baril. La volonté affichée par l’Opep et la Russie de tenir leurs engagements dans l’accord de réduction de la production continue à renforcer l’impact haussier sur les cours du pétrole. En un mois, le prix du baril (qualité Brent) a connu une augmentation de près de 11 %.
Cette semaine, les cours des huiles végétales ont évolué en ordre dispersé sur les marchés internationaux avec une stabilité des cours de l’huile de soja, alors que ceux de l’huile de palme poursuivaient leur hausse, pour atteindre leur plus haut niveau depuis 3 ans. La bonne demande à l’exportation, l’accélération de la demande intérieure (pour le secteur biodiesel) et la baisse saisonnière de la production en Malaisie diminuent progressivement les stocks. En conséquence les cours du palme à Kuala Lumpur continuent à s’apprécier.
En ce qui concerne le canola canadien, les cours à Winnipeg sont restés stables depuis la semaine dernière, à 356 $/t.
Le prix du tournesol est reconduit
Sur le marché français, les cours du tournesol sont stables par rapport à la semaine dernière, à 365 €/t rendu Saint-Nazaire, sans grande activité sur les marchés. Dans la zone de la mer Noire, le prix du tournesol continue son ascension cette semaine. Il gagne 7 $/t, à 360 $/t Fob mer Noire, en raison d’une demande toujours très vigoureuse de l’Union européenne et de la Turquie, soutenue par d’excellentes marges de trituration.
À suivre : climat pour les cultures d’hiver, semis de printemps, relations diplomatiques sino-américaines, prix du pétrole, demande en huiles végétales, situation climatique en Europe et en mer Noire (colza), en Amérique du Sud (soja).