À Privas, devant la DDT de l’Ardèche, cerisiers arrachés et fruits pourris symbolisent la réalité d’une campagne 2016 compliquée pour les producteurs de cerises du département. Certains d’entre eux affichent une perte de récolte de l’ordre de 40 %. En cause : la drosophile suzukii qui a proliféré dans les vergers et ruiné tous les espoirs d’une campagne qui s’annonçait exceptionnelle.
« Face aux premières attaques de drosophile suzukii durant l’été 2014, nous avions alerté à plusieurs reprises les Pouvoirs publics sur les conséquences désastreuses de ce ravageur sur les vergers de fruits rouges, rappelle Jérôme Volle, le président de la FDSEA de l’Ardèche. Malgré cela, le Gouvernement interdit le diméthoate, seul traitement efficace contre cette mouche. Les arboriculteurs ne sont pas entendus et s’estiment abandonnés. »
Un triple gâchis
Pour les manifestants présents à Privas, la décision du Gouvernement d’interdire le diméthoate a conduit à un triple gâchis : politique, économique et écologique. « Alors qu’on avait avant qu’un traitement à faire, il faut aujourd’hui en faire plusieurs avec des produits qui sont loin d’être efficaces », argumente Jérôme Volle.
Les arboriculteurs attendent des réponses pour croire encore à l’avenir. « Il devient urgent que le ministre de l’Agriculture, qui s’y était engagé, mette en place une indemnisation pour tous les producteurs touchés, poursuit-il. En parallèle, il faut rapidement mettre en œuvre des mesures afin de diminuer efficacement la présence de la drosophile dans les vergers. »
Pas de traitement alternatif efficace
Comment ? « Cela passe par l’autorisation de l’accès au diméthoate tant qu’il n’y a pas de plan de traitement alternatif efficace, mais aussi par l’autorisation du traitement post-récolte et l’investissement dans la recherche et le développement dans la lutte contre ce ravageur », précise Jérôme Volle.
Même si la saison des cerises est terminée, nombreux sont les arboriculteurs d’Ardèche ou des départements limitrophes qui craignent aujourd’hui pour la campagne des petits fruits ou autres fruits à noyau. « Des fruits dont la drosophile suzukii n’est normalement pas friande mais la pression de population étant énorme, il y a transfert d’attaques sur ces espèces », observe Jérôme Volle.