Des cellules de stockage, des paysans qui s’activent pour conditionner la farine dans des sacs de 25 kg, un magasin où lentilles vertes, pois chiche et pois cassés occupent les étalages…, ça carbure au GIE La Ferme de la Chassagne. François a repris l’exploitation familiale en 1996 et a créé par la même occasion le GIE, qu’il décrit « comme une petite coopérative où la dimension humaine prédomine ». « Après la crise du faux bio des années soixante-dix, les cours des céréales se sont effondrés et ne sont jamais remontés. Il est alors devenu impossible de vendre directement à l’export, comme nous le faisions auparavant », précise-t-il. Une nouvelle stratégie s’est alors amorcée.

« L’objectif est de valoriser au mieux la production en transformant et en commercialisant au plus près du consommateur. » Relocalisation, c’est le maître mot du GIE, qui se compose aujourd’hui de 9 fermes, 13 agriculteurs qui travaillent 650 ha sur un rayon de 40 km et transforment 600 t. « Il y avait déjà un atelier de stockage et de triage sur le site que j’ai repris. D’autres ateliers ont été créés progressivement sur les autres fermes : un atelier de décorticage, de séchage, de mouture sur meule de pierre et une huilerie. Les productions se sont aussi multipliées. Blé, luzerne, grand épeautre, petit épeautre, seigle, sarrasin, lentilles, tournesol, pois verts, pois chiches, pois cassés, haricots blancs, rouges et noirs, flageolets, tournesol, caméline, presque tout est transformé au sein du GIE.

« Transformer et vendre nécessitent des investissements en temps et en argent difficilement supportables par un paysan seul. Le regroupement de plusieurs fermes permet alors de réaliser des économies d’échelle en mutualisant les moyens », relate François. « Les petites structures ont du mal à survivre en filières longues. Le GIE permet de faire de la vente en gros tout en diversifiant les circuits de distribution », renchérit Céline. Environ 300 clients sur le grand Sud-Ouest principalement, dont la moitié en circuit court, sont fidèles aux produits du G.I.E. Des grossistes comme la plate-forme Biocoop achètent les légumes secs en gros et représentent 25 % du chiffre d’affaires. Des transformateurs (meuneries, graines décortiquées, conserveries qui font une deuxième transformation en plats préparés) sont aussi des clients réguliers. Le reste des produits est écoulé via des magasins spécialisés, des groupements de consommateurs, des restaurants individuels, de la vente à la ferme et sur les marchés. Le prix est fixe et rémunérateur. « Par exemple, les lentilles vertes sont vendues à 1 450 euros/t au producteur. »

« Nous assurons notre sécurité puisque l’on est moins dépendant du marché des filières longues. Si les cours se cassent la figure, notre prix tiendra grâce une clientèle fidélisée qui nous encourage à produire comme nous le faisons. » En effet, le GIE ne parvient pas à satisfaire toute la demande ! Pour des fermes de tailles moyennes, le GIE est une alternative à la tendance générale à l’agrandissement des structures. Les agriculteurs estiment « obtenir d’une bonne rémunération alors qu’ils se sont lancés en partie dans la culture de légumes secs, des cultures à risques. » « Nous bénéficions d’une sécurité grâce à notre force commerciale et nous maîtrisons toute la filière. » Le GIE est ainsi indépendant, autonome et donc protégé du risque prix.