La fertilisation azotée est l’un des premiers facteurs de production du maïs. Toutefois, la flambée des cours de l’azote incite à valoriser chaque unité de fertilisant. « L’ammonitrate, dont le prix moyen ramené au kilo d’azote s’établissait à 0,95 euro sur les cinq dernières années, a vu son prix plus que doubler, souligne l’AGPM (1). L’urée et la solution azotée ont subi une hausse des prix similaire, voire plus importante. »
Raisonner la dose selon l’optimum technico-économique
Le contexte économique - avec des cours du maïs élevés - « ne nécessite pas d’ajustement fort de la dose d’azote », nuance Cyrille Gaujard, ingénieur Arvalis dans le Centre. Cette dose devra être raisonnée selon l’optimum technico-économique. Par exemple, selon Arvalis, pour une urée achetée à 1,78 €/kg et un prix du maïs négocié pour la prochaine campagne à 230 €/t, il faudra réduire la dose d’environ 15 kgN/ha pour viser cet optimum. Si le prix du maïs descend à 185 €/ha, il faudra réduire de 25 kgN/ha.
Problèmes de disponibilité
Toutefois, « la tension sur le marché des engrais occasionne de fortes difficultés d’approvisionnement, qui se traduisent par un retard important des livraisons, comparé aux campagnes précédentes », s’inquiètent les maïsiculteurs. Selon l’AGPM, « la situation actuelle laisse présager que de nombreuses commandes d’engrais ne pourront pas être honorées à temps pour les apports d’azote au printemps prochain ».
En cas de défaut d’approvisionnement empêchant d’atteindre l’optimum technico-économique, il convient en premier lieu d’estimer la fourniture en azote du sol pour adapter la conduite. « Si les reliquats au semis sont élevés (supérieurs à 60 kgN/ha), il n’est pas utile d’apporter l’azote avant 6 feuilles ou ne pas dépasser une vingtaine de kgN/ha si une fertilisation starter est prévue », détaille l’AGPM. La période entre le stade 6-8 feuilles et la floraison concentre 85 % de l’absorption d’azote d’un maïs. C’est là qu’il est le mieux valorisé, notamment en maïs irrigué lorsque les tours d’eau démarrent. De la fin de la floraison à la maturité, la minéralisation du sol suffit, en principe, à couvrir les besoins du maïs.
Pour augmenter l’efficience de l’absorption de l’engrais, la forme d’azote joue un rôle important. L’ammonitrate est le plus efficace, car moins sensible à la volatilisation que les autres. À l’inverse, l’urée est très sensible, à moins qu’elle soit enfouie à 10-15 cm de profondeur ou complétée avec un inhibiteur d’uréase. Pour un prix de l’ammonitrate à environ 1 €/kgN et de l’urée à 0,76 €/kgN et un maïs à 160 €/t (situation des cinq dernières années), la substitution de l’urée en deux apports par l’ammonitrate apporte un gain de 24 €/ha, selon des essais d’Arvalis. Avec un prix de l’ammonitrate à 2,25 €/kgN et de l’urée à 1,78 €/kgN, cette solution génère cependant une perte de 4 €/ha.
Isabelle Escoffier
(1) Association générale des producteurs de maïs.
[summary id = "10021"]