Un opérateur du marché de Rungis, souhaitant rester anonyme, s’inquiète des mesures sanitaires prises par le Min (Marché d’intérêt national) de Rungis, les jugeant trop peu restrictives. « L’entrée aux visiteurs est soi-disant interdite, mais il n’y a aucun contrôle aux deux péages du Min », regrette-t-il le 18 mars 2020 au matin, illustrant ses propos dans la vidéo ci-dessous.

 

 

« Dans les allées, il est impossible de garder une distance minimale de 1 mètre. Nous sommes en contact direct avec nos clients, qui sont, eux, en contact avec l’ensemble de la population. Certains de mes collègues n’osent plus venir travailler », affirme-t-il.

Mesures prophylactiques

De son côté, le plus grand marché de produits frais au monde assure avoir mis en place plusieurs mesures prophylactiques depuis le début de l’épidémie, comme des opérations spéciales de nettoyage et de désinfection à l’aide de canons à mousse dans les zones collectives des pavillons (bâtiments de vente, sanitaires, etc.), le renforcement des effectifs du personnel affecté au nettoyage, ou encore la suspension des visites de personnes extérieures au marché. La mise en quarantaine des opérateurs du marché en provenance des zones à risque a également été appliquée.

 

L’employé du Min explique à La France Agricole qu’un des bâtiments du marché a récemment été fermé aux acheteurs. Les commandes y sont toujours préparées, mais les opérateurs ne sont pas en contact avec les clients. Il estime que ce type de mesure, ou l’entrée au compte-gouttes des acheteurs, devrait être généralisé à l’ensemble du marché pour que sa fonction de distributeur alimentaire puisse être assurée.

Question de main-d’œuvre

Autre point d’inquiétude pour le travailleur du Min : l’approvisionnement en fruits et légumes en provenance de l’étranger. « Certaines productions ne sont pas disponibles, comme les courgettes et tomates d’Espagne. Les prix commencent à augmenter. » Il confirme que la chaîne logistique continue à être opérationnelle, mais selon lui, la main-d’œuvre ferait défaut dans certaines zones confinées.

 

La Fedex (Fédération espagnole des associations de producteurs de fruits et légumes) a pourtant déclaré le 17 mars 2020, soit 3 jours après le début du confinement de l’Espagne, que « le secteur des fruits et légumes fonctionne relativement normalement, tant sur le terrain que dans les usines de manutention et d’expédition ». Elle affirme que la filière « maintient une activité productive, à un rythme adapté aux mesures préventives et aux difficultés d’accès aux centres de travail », et prévoit une exportation de 1,3 million de tonnes de fruits et légumes en mars.

 

Interfel, dans une lettre signée le 18 mars 2020 de son président Laurent Grandin, affirme pour sa part avoir « activé une cellule de crise spécifique » dès le 12 mars. Celle-ci a pour but d’« assurer un approvisionnement en quantité et en qualité » ainsi que « d’informer les Français sur l’approvisionnement en fruits et légumes sur tout le territoire ». L’interprofession souligne plusieurs points de vigilance, dont « des risques importants de disponibilité de salariés » à l’approche des produits de saison, « notamment concernant les contrats de saisonniers étrangers ».

(1) Marché d’intérêt national.