Quand nous nous mettons à table, tout notre corps est en alerte. Sans le savoir, notre façon de manger donne de très nombreuses informations à notre cerveau. Des hormones sont sécrétées, l’estomac se gonfle, les sucs gastriques prédigèrent les aliments. « Ces signaux envoyés à notre système nerveux vont peu à peu couper la faim, permettre le rassasiement, puis la satiété », explique Gilles Mithieux, directeur de recherche au CNRS (1), spécialiste de l’interaction cerveau-nutriments. Ce mécanisme met entre vingt et trente minutes à se mettre en route. Déjeuner sur le pouce en un quart d’heure ne permettant pas de se sentir rassasié, nous aurons tendance à grignoter après le repas, à absorber trop de calories. Or le surpoids, voire l’obésité, survient quand notre comportement alimentaire n’est plus adapté à nos dépenses énergétiques.
45 minutes minimum
« Chez tous les organismes vivants, la vie des cellules est basée sur l’utilisation du sucre. En avoir une quantité suffisante est la base même de la vie. Une partie du cerveau s’en préoccupe donc en permanence », précise le scientifique. Un repas doit rasséréner, nous procurer des sensations de plaisir et d’apaisement, sinon peuvent apparaître des troubles de l’humeur, notamment l’anxiété. Déjeuner ou dîner seul, trop rapidement et l’attention concentrée sur autre chose (travail, télévision, smartphone…) n’est pas pleinement satisfaisant.
Gilles Mithieux poursuit : « Je recommande de manger lentement, pendant au moins quarante-cinq minutes. Commencez par les aliments pauvres en énergie (crudités, potage) et, en seconde partie, les aliments plus riches et en moins grande quantité. Bien mastiquer facilite l’assimilation des nutriments. Mieux vaut prendre un repas en famille, car discuter permet de ralentir l’allure. » Il faut accepter l’idée de passer du temps à préparer son repas, à choisir la qualité de son alimentation, et d’écouter sa faim plutôt que de s’en distraire.
(1) Et directeur de l’unité Inserm Nutrition-diabète et cerveau.