« Notre premier client a été la cuisine centrale de Craon et le deuxième, le lycée Don Bosco à Mayenne. Aujourd’hui, explique Anne-Sophie Bréhin, cent dix structures nous confient leurs déchets alimentaires : des hôpitaux, des établissements scolaires, des cuisines centrales pour moitié mais aussi des restaurateurs, des traiteurs, etc. »

Associée à Maxime Hautbois, la jeune femme, fille d’éleveurs, a fondé en 2021 la SARL « Les Pieds sur Terre ». À Bouchamps-lès-Craon, l’entreprise est spécialisée dans la collecte et le recyclage des déchets alimentaires. « Nous les transformons en compost normé, pour le secteur agricole. » Concrètement, cette société aide ceux qui la sollicitent à identifier et quantifier leur gisement. Elle met à leur disposition des équipements de stockage : poubelles à roulettes ou pallocks. « Si besoin, nous fournissons aussi du broyat pour stabiliser la matière. »

Enfin, l’entreprise vient enlever les déchets ; en moyenne, une fois tous les quinze jours. Ils sont alors acheminés à Bouchamps-lès-Craon. Sur place, dans les bâtiments et tunnels d’un élevage cunicole désaffecté, ils sont mis en tas et compostés. « L’an dernier, précise Anne-Sophie, nous avons réceptionné 320 tonnes de biodéchets et produit 220 tonnes de compost. » Avec l’obligation pour tous — depuis le 1er janvier — de trier ses biodéchets à la source, la collecte de 2024 sera nettement supérieure. « Sur la période de janvier à avril, elle est déjà passée de huit à seize tonnes par semaine. »

De 3 à 5 centimes par repas

Le gisement mayennais de déchets alimentaires est estimé à 34 000 tonnes par an. Précisément, 26 000 proviennent des particuliers ; 8 000 des professionnels, le « créneau » sur lequel Les Pieds sur Terre opèrent. La société facture sa prestation au volume et au nombre d’enlèvements ; soit entre trois et cinq centimes par repas. Tous mayennais, une dizaine d’agriculteurs et de maraîchers s’approvisionnent chez elle ; « Bien content comme moi de trouver localement une nouvelle source de matière organique », rappelle Vincent Seyeux, agriculteur à Nuillé-sur-Vicoin.

Anne Mabire