La dernière chapellerie française produisant son propre feutre, située à Montazels dans l’Aude, a bien failli disparaître ! « Dans cette usine construite en 1923, il y a eu jusqu’à 600 ouvriers », raconte Philippe Durand, guide bénévole. Celle-ci a fermé en 2018. Sonia Mielke, attachée à ce territoire, a alors réuni des passionnés du patrimoine afin de la relancer en créant une coopérative, MontCapel.

« Nous ne voulions pas que ce savoir-faire ouvrier disparaisse », souligne Philippe, qui s’est engagé dans l’aventure. La coopérative compte aujourd’hui 270 adhérents, des particuliers mais aussi des entreprises désireuses de contribuer à la préservation de cet outil historique. La commune, propriétaire de l’usine, l’a mise à la disposition de MontCapel, qui a réussi à rassembler 450 000 € pour redémarrer.

Transformer l’essai

« Avec l’aide d’anciens ouvriers, il nous a fallu un an et demi pour tout remettre en état », note Philippe. La laine utilisée vient désormais de France. Plusieurs étapes sont nécessaires pour fabriquer des cloches en feutre, ensuite formées en chapeau sur des moules. « Nous avons une collection de 500 formes différentes », précise-t-il. La plupart des machines ont plus de cent ans d’âge. « C’est à l’oreille que je sais si elles fonctionnent bien », note Serge Anton, un ancien salarié qui n’a pas hésité à reprendre du service. « Nous travaillons un beau matériau », apprécie-t-il.

Depuis 2021, MontCapel vend des chapeaux finis ainsi que des cloches qui permettent à des modistes et des maisons de couture de créer leurs modèles. « Nous avons de bons retours sur leur qualité », note Marie Joubert, la secrétaire de la coopérative. Pour transformer l’essai, il reste plusieurs défis à relever. « Nous devons tout à la fois trouver de l’aide pour moderniser l’outil, décrocher de nouvelles commandes pour renforcer la production et former de nouveaux salariés, afin de leur transmettre ce savoir-faire », relève Philippe.