Les deux analyses d’impact sur les stratégies de l’Union européenne, De la ferme à la fourchette (Farm to fork) et Pour la biodiversité (Biodiversity), inquiètent les syndicats des agriculteurs (Copa) et des coopératives (Cogeca) européens. Ils demandent qu’une étude d’impact détaillée soit réalisée avant le vote par les eurodéputés des deux stratégies.
« Nous ne comprenons pas qu’un vote [le vote des deux stratégies est prévu en octobre au Parlement européen] puisse avoir lieu sans étude d’impact », s’est inquiétée la présidente du syndicat des producteurs européens (Copa), Christiane Lambert, lors d’un point avec la presse, le 24 septembre 2021. Nous souhaitons une véritable étude d’impact qui intègre tous les éléments. Celles que l’on a sont, pour l’instant, partielles ».
Vers une baisse de la production
« Tous les chiffres qui sortent montrent une baisse de production, une augmentation des importations, une hausse des prix de l’alimentation », a résumé l’agricultrice qui est aussi présidente de la FNSEA.
Une première étude (dite Capri, du nom de l’outil de modélisation utilisé) a été publiée à la fin de juillet par l’unité de recherche de la Commission européenne. Elle conclut à une chute de la production européenne de 13 % en céréales, 12 % en oléagineux et 7 % en fruits et légumes.
Une seconde, de l’université allemande de Kiel, est sortie en septembre. Elle conclut à une baisse de la production européenne de l’ordre de 20 % pour les céréales, les oléagineux et la viande bovine et de 6 % pour le lait.
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Plutôt aller vers la croissance verte
Christiane Lambert et Ramon Armengol, président du syndicat des coopératives européennes (Cogeca), estiment que l’Union européenne doit aller vers la croissance verte plutôt que la baisse de production. Ils se disent prêts pour réduire l’impact de leurs pratiques, mais cela ne doit pas se faire aux dépens de la production.
Le secrétaire général du Copa-Cogeca, Pekka Pesonen, a aussi exprimé ses craintes sur la pérennité des relations commerciales de l’Union européenne avec les autres pays, si cette dernière s’engage dans une stratégie amenant à une baisse de production.
Une demande de longue date
La présidente a indiqué que le Copa-Cogeca demande une étude d’impact concernant ces deux stratégies depuis le mois de mai. « Nous ne comprenons pas la surdité de la Commission sur ce sujet », a insisté la présidente, évoquant « une capitulation de l’Europe, qui est en train de baisser le pavillon sur la souveraineté », qui était une de ses priorités.
Christiane Lambert a indiqué qu’elle souhaitait que le Parlement européen « déploie beaucoup plus d’énergie » pour obtenir un chiffrage des impacts des deux stratégies. Il faudra qu’elle obtienne gain de cause rapidement car leur vote est prévu en séance plénière en octobre 2021 au Parlement européen.