« La spécialité de Lactalis est de faire des annonces et de réadapter son discours en fonction de nos réactions, cingle Sophie Lenaerts, vice-présidente de la Coordination rurale et éleveuse de vaches laitières dans l’Oise. En France, quand une grosse entreprise ferme, il y a un plan social, poursuit-elle. Il faut prouver que la décision est fondée. Ici, rien n’a été préparé. »
À la suite de l’annonce de réduction de collecte de l’industriel laitier Lactalis, 700 éleveurs devraient ne plus être collectés par Lactalis à terme, selon un communiqué de l’Union nationale des producteurs de lait Lactalis (Unell) à ses adhérents, daté du 25 septembre 2024. Parmi eux, les livreurs de la coopérative Unicoolait, en Moselle, dont Lactalis est client, rapporte Sophie Lenaerts.
« Tout le monde doit être concerté »
La vice-présidente de la Coordination rurale demande aux pouvoirs publics, et particulièrement aux ministères de l’Agriculture et de l’Économie de se saisir de l’affaire. « Nous ne pouvons pas laisser des entreprises décider de faire comme bon leur semble. Une telle décision concerne tout un tissu social, tout le monde doit être concerté. »
Sophie Lenaerts qualifie l’annonce de Lactalis de « floue et scandaleuse » et s’avance à en supposer les raisons. « Lactalis essaie peut-être de faire peur à l’État français, dans une période où ils traversent un redressement fiscal de 300 millions d’euros. »
« Un assembleur d’ingrédients laitiers »
L’éleveuse suppose aussi que « Lactalis veut devenir un assembleur d’ingrédients laitiers, en achetant la poudre de lait et la matière grasse là où elle est la moins chère et en vendant les assemblages comme du beurre ou fromage », ce qui doit « inciter le consommateur à se révolter ».
« Il est scandaleux de laisser des familles d’exploitants dans le doute économique quand on est une entreprise qui a construit sa fortune sur la collecte laitière », s’insurge Sophie Lenaerts.