« Nous ne voulons pas manifester tant qu’il n’y a pas de gouvernement, puisqu’à ce stade, nous n’avons pas d’interlocuteur », explique le service de presse de la Coordination rurale (CR) à La France agricole le 2 octobre. Dans l’attente de la nomination du gouvernement du nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu — attendue d’ici la fin de la semaine, le syndicat a demandé à être reçu à Matignon, afin de présenter ses propositions « sur les dossiers agricoles majeurs : Mercosur, Pac, budget, dermatose nodulaire, Ukraine, etc. » (1).

Cette position tranche, sur le papier, avec l’approche de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, à l’initiative d’une journée de mobilisation nationale le 26 septembre. Sur le terrain, plusieurs antennes départementales de la Coordination rurale ont néanmoins choisi de se joindre à la contestation, pour dénoncer l’importation de certains produits qui ne respecteraient pas les mêmes normes que celles imposées aux producteurs français, ainsi que la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse.

Actions symboliques

Plusieurs initiatives, réunissant généralement quelques dizaines d’agriculteurs, ont été rapportées par la presse locale. Dans le Haut-Doubs, ou dans les Landes, par exemple, des agriculteurs ont organisé une opération d’étiquetage, pour signaler la provenance des produits importés. En Haute-Saône, des militants ont recouvert de bâches des radars routiers.

« Nous sommes dans un syndicat national, mais nous restons libres de choisir notre manière de manifester sur le terrain », souligne Laurence Godin, présidente de la Coordination rurale de l’Yonne et éleveuse de moutons. Dans son département, « des adhérents avaient envie de bouger ». Alors, « nous avons profité du mouvement », même si « chacun [des syndicats] s’est mobilisé de son côté », poursuit-elle. Là aussi, plutôt que d’interrompre la circulation, les agriculteurs se sont rendus dans un supermarché pour échanger avec les consommateurs. Une méthode que partage Jérôme Batret, président de la Coordination rurale en Haute-Loire et Rhône-Alpes, éleveur de bovins viande et producteur de lentilles vertes : « Dans plusieurs départements, la CR s’est mobilisée pour informer, sans chercher à bloquer les gens. »

Le représentant rappelle que le Sommet de l’élevage s’ouvre la semaine prochaine, du 7 au 10 octobre à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme). Il y voit l’occasion pour le syndicat de porter ses revendications directement auprès des responsables politiques de passage sur les stands, notamment des députés “de tous bords”. D’ici là, Sébastien Lecornu aura peut-être finalisé la liste de gouvernement, permettant donc au futur ministre de l’Agriculture de s’y déplacer officiellement.

(1) : À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Coordination rurale assure n’avoir reçu aucun retour de la part de Matignon. Sollicité par La France agricole, l’entourage du Premier ministre n’a pas donné suite non plus.