« Alors que la DGAL (direction générale de l’alimentation, NDLR) rappelle que la surveillance biologique sur le territoire doit garder une place prépondérante dans Ecophyto, elle indique que l’épidémiosurveillance sera désormais entre les mains du Conseil national d’orientation de la politique sanitaire animale et végétale (Cnopsav) », indique la Coordination rurale dans un communiqué paru le 23 décembre 2020. Et d’ajouter que le Cnopsav « n’a jamais le temps de traiter ce sujet ».

Du plomb dans l’aile pour les BSV

Selon le syndicat agricole, « alors que les bulletins de santé végétale (BSV) avaient déjà pris du plomb dans l’aile, ils ne seront maintenus que pour les couples « organismes nuisibles/cultures » à fort potentiel Ecophyto. Autrement dit, s’il n’y a pas de baisse de traitement possible, les agriculteurs n’auront plus aucune information ! »

Perte de 400 000 euros cette année

« La méthode a déjà fait ses preuves : il s’agit dans un premier temps de faire dysfonctionner le système en supprimant des financements pour justifier petit à petit la suppression totale, partielle ou le remplacement du dispositif », anticipe la Coordination rurale qui donne quelques chiffres.

 

« Après avoir perdu 2 millions d’euros à son budget, la surveillance biologique sur le territoire perd cette année 400 000 € », ajoute le syndicat. Par ailleurs, « nous sommes passés de 420 000 observations en 2017 à 181 000 en 2020. Comment obtenir une surveillance fiable ? » se demande-t-il.

 

Et d’indiquer : « La DGAL souhaite une articulation plus forte entre la surveillance biologique du territoire et la surveillance des organismes réglementés ainsi que celle des organismes nuisibles ayant un impact sur la santé humaine. » Cette « cohérence d’action » prônée par la DGAL est pour la Coordination rurale et Audace « un désengagement de l’État faisant porter la responsabilité sur les opérateurs ».

« Parlement du sanitaire »

Interrogé par La France Agricole, le ministère de l’Agriculture précise que « le rapport conjoint du CGAAER/CGEDD sur l’évolution de la surveillance biologique du territoire paru en avril 2020 recommande d’inclure le CNE (conseil national d’épidémiosurveillance, NDLR) au sein de la section végétale du Cnopsav et de décliner cette orientation dans les régions. »

 

Le ministère considère ainsi le Cnopsav comme un véritable « parlement du sanitaire ». « Présidé par la DGAL comme l’était le CNE, il fédère ainsi l’ensemble des acteurs de la surveillance du territoire en matière de santé des végétaux », détaille le ministère de l’Agriculture.

 

Objectif de cette évolution « concevoir et mettre en œuvre une stratégie nationale intégrée de sécurité sanitaire du végétal couvrant l‘ensemble des organismes nuisibles à la santé des végétaux, qu’ils soient réglementés ou non. »

Baisse de financement

Les lignes vont bouger également côté financement. « Le dispositif d’épidémiosurveillance (qui permet entre autres de produire des bulletins de santé du végétal) était financé exclusivement par des crédits Ecophyto dans la mesure où il contribue à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires, rappelle le ministère. Depuis 3 ans, les crédits Ecophyto alloués à cette activité sont en baisse du fait de l’augmentation du financement d’autres actions comme la recherche de solutions alternatives ou d’études concernant l’impact des produits phytosanitaires. Pour compenser cette baisse de financement et élargir le cercle des financeurs, plusieurs pistes vont être explorées. »

 

La refonte du dispositif d’épidémiosurveillance et du BSV est par ailleurs en débat. « Une trajectoire (nouveau dispositif, financement et calendrier pour y parvenir) sera validée d’ici la fin de l’année 2021 », précise le ministère de l’Agriculture.