« 2022 a été une année atypique et compliquée en raison du contexte d’inflation lié à la guerre en Ukraine », a résumé Patrice Drillet, président de la Cooperl lors d’une conférence de presse le 22 juin 2023 à Lamballe (Côtes-d’Armor) à la veille de l’assemblée générale de la première coopérative porcine de France. « Au début de 2022, le prix des céréales était déjà très élevé et le prix du porc s’était effondré en 2021 en raison de la surproduction chinoise, a complété Emmanuel Commault, le directeur de la coopérative. Les éleveurs ont subi un effet ciseau sur une longue période. » Une situation d’autant plus difficile que l’inflation s’installait durablement avec une remontée des taux d’intérêt.
Gel du prix de l’aliment
« Notre première action a été d’accompagner nos éleveurs adhérents en gelant le prix de l’aliment pour sécuriser les trésoreries », poursuit-il. La coopérative annonce un écart favorable de 11,60 euros par tonne par rapport au prix moyen constaté depuis 2021. « Les aides de l’État ont aussi permis d’éviter la catastrophe », a reconnu Patrice Drillet.
« Durant cette période, nous avons aussi proposé des aides à la trésorerie et des prêts pour éviter des cessations de paiement, ajoute Emmanuel Commault. L’augmentation du prix du porc dès le mois de mars pour monter à 1,70 €/kg puis à plus de 2,00 €/kg a été la bonne surprise pour rééquilibrer les trésoreries.
Maintien de la compétitivité
Toutes ces actions ont permis de maintenir la compétitivité des éleveurs de la Cooperl, argumentent les dirigeants de l’entreprise. Selon une étude de CER France Bretagne présentée par la coopérative, l’écart de marge brute des éleveurs adhérents de la Cooperl est de 418 € par truie pour les adhérents achetant la totalité de leurs aliments, par rapport à la moyenne des élevages bretons. Soit une marge brute par truie supérieure de 40 %. Pour un élevage moyen de 250 truies, cela représente plus de 100 000 € de gain supplémentaire sur une année.
Pas d’outils menacés
Dans ce contexte perturbé, la Cooperl a réalisé un chiffre d’affaires de 2,79 milliards d’euros en progression de 42,45 millions d’euros par rapport à 2021 en raison de la hausse du prix du porc. En revanche, le résultat recule à 7,2 millions d’euros contre 19,5 millions d’euros en 2021. La coopérative a maintenu un niveau d’investissements à 74 millions d’euros pour continuer à développer ses outils.
« Nous avons réussi à répercuter une partie de nos coûts grâce au travail de toutes nos équipes, nos marques, des hausses que nous avons pu passer… Nos outils ne sont pas menacés, a indiqué Emmanuel Commault. La force de notre coopérative, c’est sa structuration en filière et de pouvoir faire fonctionner la solidarité entre l’amont et l’aval. »