Vous avez succédé à Michel Prugue à la tête de Coop de France, fédération représentant les coopératives agricoles. Quelle sera l’ambition de votre mandat durant ces 3 prochaines années ?
J’ai accepté de prendre la présidence de Coop de France car les coopératives sont à un moment de leur histoire. Il y a un accompagnement très fort des coopératives à faire face aux nombreuses mutations économiques et sociétales que nous sommes en train de vivre. Il est important que les spécificités du modèle coopératif soient reconnues. Pas seulement dans l’évolution des réglementations, mais aussi vis-à-vis de la société dans son ensemble.
Après les fusions récentes de Coop de France avec les fédérations représentant les coopératives laitières et viticoles, visez-vous l’intégration d’autres filières ?
Je souhaite continuer à rassembler la famille coopérative mais aussi à l’unifier. L’objectif est que nous soyons tous solidaires. Ensemble nous serons plus forts pour faire valoir, défendre et porter le message coopératif.
Aujourd’hui, il y a encore des filières qui ne sont pas chez Coop de France : les métiers des fruits et des légumes, les coopératives d’inséminations et les coopératives forestières. Leur intégration doit venir d’une initiative collective par les membres de ces structures. Cette dynamique d’intégration est d’autant plus d’actualité compte tenu de la nécessité pour les coopératives d’accompagner la production agricole le plus loin possible vers les consommateurs. Il est devenu important d’investir, de se renforcer sur les questions de transformation et de commercialisation.
Quel principal défi doit relever la coopération aujourd’hui ?
On est passé d’un monde de flux poussés à un monde de flux tirés. Les coopératives doivent aujourd’hui adapter leur production à la demande des consommateurs. Les coopératives doivent accompagner leurs adhérents en ce sens en orientant leur production. Avant les coopératives étaient exclusivement dédiées à l’organisation de la production, du stockage et de la commercialisation de la production agricole.
Aujourd’hui, les coopératives doivent aussi s’occuper de la transformation et de la commercialisation des produits issus de la production. Nous devons nous adapter en permanence. La coopérative est un outil que nous avons hérité de nos parents et que nous empruntons à nos enfants.
Dans cette recherche de réponses à la demande des consommateurs, quelle différence d’approche existe-t-il entre un opérateur privé et une coopérative ?
La différence est majeure ! Un opérateur privé a un objectif de rentabilité à court terme des capitaux engagés. Ce n’est absolument pas péjoratif de dire cela. Mais du côté de la coopérative, vous avez un objectif de valoriser au maximum la production des adhérents. Les coopératives sont liées à un territoire.
Tout l’argent et tout le projet qui est fait sur un territoire sont systématiquement redistribués sur un territoire, soit en rémunération chez l’adhérent, soit en développement de l’activité. Je ne dis pas que les opérateurs privés ne le font pas, mais ce n’est pas leur intention première.
Qu’attendez-vous de l’ordonnance qui sera prise par le gouvernement d’ici le Salon international de l’agriculture fin février et qui modifiera le cadre réglementaire des coopératives ?
Je resterai vigilant à ce qu’il n’y ait pas une stigmatisation du modèle coopératif. Sur cette ordonnance en particulier, nous sommes en passe de trouver des réponses intelligentes et pragmatiques. Ce qui n’est pas le cas pour les autres. On attend du gouvernement qu’il avance sur le problème de compétitivité que vivent les coopératives. Jusque-là, nous avons été un peu oubliés par les autorités françaises. Mais nous sommes prêts à travailler avec eux pour trouver les solutions.