Mardi 18 février 2020, Éric Guillemot, directeur de la Coopération Agricole Luzerne de France et secrétaire général de le CIDE (Commission intersyndicale des déshydrateurs européens), a rappelé lors d’un point presse les trois demandes de la filière luzerne.
« La première est de continuer à avoir une aide à la protéine telle qu’on l’a aujourd’hui (environ de 100 €/ha) », a-t-il indiqué. «Le ministre de l’Agriculture souhaite vraiment qu’il y ait une production supérieure de 10 points à celle d’aujourd’hui. Nous produisons 53 % de notre consommation de protéines en France. Nous avons donc travaillé avec Terres Univia et attendons aujourd’hui les réponses du gouvernement à nos propositions. »
A priori, Emmanuel Macron pourrait faire des annonces à ce sujet lors du prochain Salon international de l’Agriculture.
« Par ailleurs, aujourd’hui il y a assez peu de recherche variétale, ajoute Éric Guillemot. Nous demandons donc également qu’il y ait une aide pour permettre aux obtenteurs d’avancer plus vite. »
Aide à l’investissement
« De plus, notre métier de déshydrateur nous fait consommer de l’énergie, a rappelé La Coopération Agricole — Luzerne de France. En 15 ans nous avons réduit notre consommation d’énergie fossile de 66 %.
Or, nous savons également que demain pour aller vers la neutralité carbone, nous devrons encore la réduire, peut-être la supprimer. Cela demande des investissements, pas toujours rentables ; nous souhaitons donc une aide à l’investissement de cette transition énergétique auprès de l’État français. »
La Coopération Agricole - Luzerne de France a en outre réitéré sa demande de paiements pour services environnementaux (PSE), estimé à 200 €/ha.
Seconde année de sécheresse
La France a connu des années de sécheresse consécutives en 2018 et 2019. « Les deux premières coupes de la campagne 2019-2020 ont été exceptionnelles, précise Pierre Begoc directeur général de Désialis et directeur de France Luzerne. Mais à partir de fin juin, avec le manque d’eau, il a fallu gérer en flexibilité et réactivité. En effet, dans ces conditions, les consommations sont un peu exacerbées. Or, nous avions déjà sollicité les stocks l’an dernier et il fallait être capable d’aller jusqu’au bout de la campagne, soit avril 2020, sans y puiser à nouveau. »
Production en légère hausse
La production française est ainsi estimée pour 2019 à 785 000 tonnes, contre 741 000 tonnes la campagne précédente. 65 % sont dédiés aux granulés et le reste aux balles de fibres longues de luzerne de 750 kg, 400 kg ou de plus petites tailles.
La part des granulés baisse d’ailleurs sensiblement depuis plusieurs années. Compte tenu des conditions météorologiques, la baisse des volumes a été plus forte sur les pellets, et les balles ont continué leur progression. Les protéines, elles, reviennent dans la moyenne, au-dessus de 18 %, ce qui est plutôt correct.
Les ventes se font pour 85-90 % des volumes sur le marché européen de proximité et le restant représente l’export maritime.
«Sur la prochaine campagne, nous estimons que la luzerne ne devrait pas voir de gros changements car les stocks n’ont pas été reconstitués, et les cours des produits sont relativement stables par rapport à avril 2019, notamment pour les pellets, fait encore part Pierre Begoc. Nous avons donc besoin de refaire nos stocks et de retrouver une météo plus clémente pour plus de confort et de sérénité. »