« Pour le moment, c’est au petit bonheur la chance, estime Marie-Andrée Luherne, éleveuse dans le Morbihan et membre de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Ça m’agace. » Le schéma de vente actuel ne permet pas aux agriculteurs de s’aligner sur la demande. Ils élèvent leurs animaux et, au moment de la vente, prennent connaissance des besoins des acheteurs. « Il faut tout organiser, mais tout le monde n’est pas prêt. C’est une révolution culturelle. » Guillaume Gauthier, éleveur dans la Saône-et-Loire et président du comité de filière du bovin à viande à l’Institut de l'élevage (Idele), abonde dans ce sens, en insistant sur le besoin de communication au sein de la filière. « C’est une vraie construction commune. »
Diminuer l’exportation
Une possibilité serait de garder en France les animaux actuellement exportés, et leur trouver un débouché par une voie de contractualisation, selon Marie-Andrée Luherne. Guillaume Gauthier souligne qu’une démarche globale est indispensable, l’objectif étant de garder de la valeur sur le marché français. Une baisse des exportations créerait d'importantes tensions sur les prix.
À cela s’ajoutent les arguments du coût du transport et du bien-être animal. Les éleveurs assurent ne pas vouloir subir les contraintes, mais bien les anticiper. Dominique Guineheux, représentant de Culture Viande, souligne que l’âge des veaux exportés en Espagne va également poser un problème à l’avenir.
De nouveaux débouchés s’ouvrent, notamment dans les veaux plus légers « Ces nouvelles productions qui se mettent en place, elles se feront systématiquement par des contractualisations. » Marie-Andrée Luherne précise que chaque maillon de la chaîne doit y trouver son compte. « On a devant nous une boîte à outils complète. Maintenant, c’est à nous de mettre les choses en place et de rebondir, mais il y a urgence. »