Les causes sont variables mais le résultat est le même. À l’exception du Brésil, les plus importantes filières porcines mondiales sont en équilibre instable. C’est le bilan dressé par Elisa Husson, ingénieure d’études économiques à l’Ifip (Institut du porc), au cours du congrès de la FNP (Fédération nationale porcine) qui s’est tenu le 28 juin dernier à Brest. Même si le chiffre de la production planétaire est en hausse, avec 115 milliards de tonnes équivalent carcasse (téc) en 2023 (+ 0,6 % par rapport à 2022), la situation par pays est contrastée.
Cas particulier, le Brésil affiche une croissance de production continue depuis 15 ans. Stimulée par les exportations vers l’Asie et l’Amérique latine, ainsi que par la compétitivité du Real, la monnaie brésilienne, elle atteint 4,5 milliards de téc en 2023. Et même si les éleveurs doivent composer avec les contraintes climatiques, ils bénéficient d’avantages multiples : faibles coûts de production, diversité des modèles d’élevage et financement massif des agro-industries. La demande intérieure est, elle aussi, dynamique et en hausse, grâce à l’émergence d’une classe moyenne.
USA et Chine en manque de rentabilité
Il n’en va pas de même aux USA, où « la succession de mois sans rentabilité aura un impact durable sur le marché américain », expose Elisa Husson. Selon elle, la filière est pénalisée par une décapitalisation des truies (- 2 % au premier trimestre 2024), des problèmes sanitaires persistants et des pertes financières. De nouvelles réglementations en matière de bien-être animal sont aussi un frein, de même que les performances, sur lesquelles il reste encore des marges de progrès. Côté aval, le manque de main-d’œuvre et la surcapacité des outils d’abattage pénalisent aussi la filière. La demande intérieure, enfin, est fragilisée par l’inflation et par la concurrence avec d’autres sources de protéines. Seules les exportations restent dynamiques, vers l’Amérique du sud et l’Asie.
Fragile, la situation l’est aussi en Chine, où la reprise post-covid est décevante. « La production est fluctuante et vulnérable, explique Elisa Husson, à cause d’une mauvaise rentabilité, de problèmes sanitaires récurrents et d’une consommation ralentie". De nombreux défis attendent la filière porcine chinoise : des progrès sur la technique et sur l’alimentation de précision, ainsi que sur la gestion des effluents et la biosécurité. La dépendance à la disponibilité du soja doit aussi être amoindrie.