« Le nombre de veaux laitiers diminue en France », affirme Maximin Bonnet, chargé d’études sur les bovins viande, broutards et veaux à l’Institut de l’élevage. Et pour cause, la décapitalisation bovine persiste. Sur la campagne de 2022-2023, les naissances se replient de 3,6 % par rapport à la précédente, soit une perte de 120 000 têtes. « Le rebond de 3,6 % en juillet de l’offre de veaux destinés à l’engraissement, c’est-à-dire tous les veaux croisés lait-viande et les mâles laitiers, est loin de compenser la baisse continue observée depuis quelques années », souligne-t-il.

Le débouché espagnol pénalisé par la sécheresse
Pour autant, la demande est plutôt bonne, même si les exportations vers l’Espagne ont connu un sensible revers. Victime de la sécheresse, la péninsule Ibérique avait réduit ses importations de petits veaux au printemps 2023. Elle privilégiait les animaux plus lourds, pour les nourrir moins longtemps et faire des économies en fourrages.
À hauteur de 143 000 veaux d’engraissement entre janvier et juin 2023, les envois vers l’Espagne ont reculé de 5 % par rapport à 2022, mais restent tout de même « conséquents pour la production française ».
La fermeture des marchés le 15 août a aussi eu un fort impact sur les échanges. « Le mardi, beaucoup de marchés ont lieu, rappelle Maximin Bonnet. Une baisse des ventes est observée en août, principalement pour cette raison. »
Cotations hautes
Le regain de la demande coïncide avecle creux des naissances en élevage laitier. Conséquence, les cotations augmentent. « Nous retrouvons le pic saisonnier historique que nous avions perdu depuis 2019 », souligne Maximin Bonnet. En janvier 2023, le veau mâle de type laitier de 45-50 kg se négociait à 60 €/tête. En juillet, son prix a doublé jusqu’à frôler les 120 €. « Le prix actuel du veau gras est favorable à l’engraissement. Les intégrateurs vendent les veaux chers, tandis que les prix des matières premières ont baissé. »

Sur presque l’ensemble du mois d’août 2023, le prix du lactosérum doux est resté stable aux environs de 650 € la tonne. C’est inférieur de 43 % aux tarifs de 2022. « C’est même en dessous du niveau de 2020 sur les cours mondiaux », constate Maximin Bonnet.
Selon lui, la stabilité des mises en place en France par les intégrateurs en juin et juillet témoigne d’une confiance en la consommation hivernale. Pourtant, « la reprise des naissances à l’automne est à craindre, prévient le spécialiste. Au regard des températures élevées, la consommation n’a pas l’air de reprendre sa tendance positive à la suite de l’été. »